Le Québec s'affaiblirait en tentant de relancer des négociations constitutionnelles avec Ottawa, soutient Philippe Couillard. Le premier ministre refuse d'initier toute démarche en ce sens, considérant que les chances de succès ne sont pas au rendez-vous.

Vendredi à Québec, M. Couillard a réagi à la victoire du Non en Écosse en faisant un lien avec l'enjeu de la question nationale au Québec. Selon lui, les Écossais ont rejeté l'option souverainiste comme l'ont fait les Québécois lors des élections du 7 avril dernier. Le résultat de ce scrutin est à ses yeux un troisième échec référendaire pour les souverainistes.

« Tout comme les Québécois, les Écossais ont choisi de conserver leur lien avec le Royaume-Uni pour des raisons qui leur appartiennent. Chez nous, ce choix s'est exprimé à trois reprises lors de deux référendums et aussi lors de la récente élection générale qui n'était pas uniquement, mais qui était fortement imprégnée, on s'en souvient, de l'enjeu référendaire », a-t-il plaidé.

Il a ajouté que les Écossais ont décidé, comme les Québécois, « de conjuguer leur identité nationale très forte avec l'appartenance à un plus grand ensemble ».

Il a salué le processus ayant mené au référendum écossais, soulignant que la question était « consensuelle et claire ».  « Nous respectons la volonté écossaise et anglaise de donner suite au vote du 18 septembre en entreprenant des conversations sur leurs responsabilités et prérogatives respectives ».

« Les prochaines étapes appartiennent aux peuples concernés et à eux seuls, a-t-il ajouté. Chez nous, nous savons que le fédéralisme canadien constitue une réponse moderne et adaptée aux besoins qu'ont les peuples de bâtir sur les fondations de leur identité distincte. » Il a fait valoir que les Québec a, à l'intérieur du Canada, une « grande liberté d'action, des compétences plus étendues, et donc une plus grande capacité à faire leurs propres choix ». Les Écossais seraient très heureux d'avoir des pouvoirs semblables, a-t-il ajouté.

Certes, le rapatriement de la Constitution sans le consentement du Québec « n'est pas un événement banal de l'histoire ». Mais le Québec ne doit pas lui-même relancer des négociations constitutionnelles, selon lui. « On ne placera plus jamais le Québec, comme le fait d'ailleurs le mouvement indépendantiste du Parti québécois, dans une position de faiblesse », a-t-il expliqué. Les deux référendums sur la souveraineté ont réduit le rapport de force du Québec, et une démarche pour initier une réforme constitutionnelle pourrait avoir le même résultat à ses yeux. « Parce qu'il faut avoir des alliances et des alliés » pour avoir gain de cause. « Quand le Québec ne trouve pas d'interlocuteurs pour qui c'est une question prioritaire aussi, c'est difficile pour le Québec d'aller de l'avant. Je ne veux plus qu'on recule comme on l'a fait dans les dernières années » avec la gouverne péquiste, a-t-il plaidé.

« Le moment viendra peut-être » pour des pourparlers sur la Constitution, mais il ne sera pas le fait d'une initiative du Québec, a-t-il ajouté. « Il faut que ce soit initié ailleurs pour qu'on ait un maximum de rapport de force et de chances de succès. (...) S'il y a une démarche constitutionnelle qui est initiée, elle le sera par d'autres partis au Canada autour, par exemple, de la question autochtone et du sénat. » Et si cela devait arriver un jour alors qu'il est au pouvoir, M. Couillard « remettra (sur la table) les demandes légitimes du Québec qui demeurent d'actualité ».

Philippe Couillard veut consacrer ses énergies aux « véritables enjeux qui touchent la vie quotidienne des gens », comme le souhaite « la vaste majorité des Québécois ». Selon lui, ce souhait s'est clairement exprimé le 7 avril, et tous les partis doivent en prendre acte. Il accuse le Parti québécois d'avoir la « mécanique référendaire » pour « unique conversation » depuis quelques semaines. S'il croit que l'idée de la souveraineté ne va pas mourir, il doute de la capacité du Parti québécois de la transformer en « ralliement politique ».