Pour relancer l'économie du Québec, le gouvernement Couillard doit d'abord rétablir un climat de confiance et s'engager à ne pas hausser les tarifs, les taxes et les impôts au-delà de l'inflation au cours des quatre prochaines années, soutient le chef caquiste François Legault. Il en fait son cheval de bataille pour la rentrée parlementaire, mardi.

La mesure stimulerait selon lui la consommation, la «clé» pour redémarrer une économie en panne.

Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Legault explique que les hausses des taxes scolaires et tarifs d'hydroélectricité, de même que celle attendue des tarifs des garderies subventionnées, alourdissent non seulement le fardeau fiscal des contribuables, mais nuisent directement à l'économie. Les contribuables restreignent leur consommation. Et moins de consommation, c'est moins de revenus de taxes pour le gouvernement.

Selon M. Legault, on voit l'impact de ce phénomène dans les dernières statistiques du ministère des Finances. Alors que Québec tablait dans son budget sur une croissance des revenus autonomes de 3,6% cette année, on est à peine à 2% depuis le début de l'exercice financier si on le compare à celui de l'an dernier.

«On ne réussira pas à relancer l'économie au Québec tant qu'on ne sera pas capable de recréer un certain climat de confiance chez les Québécois. Une des raisons du problème économique est la perte du pouvoir d'achat de la classe moyenne, [un pouvoir d'achat] qui est plus faible qu'en Ontario», soutient le chef caquiste.

Une «charte des contribuables»

Comme prévu, la Coalition avenir Québec (CAQ) présentera un projet de loi pour créer une «charte des contribuables». Elle le fera en conférence de presse, puisque l'opposition ne peut déposer en Chambre une loi touchant les revenus du gouvernement, explique M. Legault. La «charte» vise à limiter les hausses de taxes, de tarifs et d'impôts à l'inflation. Le gouvernement Couillard doit adopter cette approche au plus vite, selon François Legault. «Ce serait une façon de rassurer tout le monde et de dire aux Québécois: «Si vous avez des marges de manoeuvre, utilisez-les, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, parce qu'il n'y aura pas de mauvaises surprises dans les prochaines années»», fait-il valoir.

«La consommation, ajoute-t-il, c'est 60% du PIB. Actuellement, Philippe Couillard prend de mauvaises décisions économiques parce que c'est contre-productif, les augmentations de taxes et de tarifs, ça nuit au climat de confiance, à la consommation. Il ne voit pas qu'il fragilise l'économie. On ne peut pas en même temps réduire la croissance des dépenses publiques et réduire le pouvoir d'achat des citoyens. C'est un cocktail explosif, très dangereux pour l'économie.»

Il déplore que le gouvernement n'ait pas présenté jusqu'ici de véritables changements susceptibles de résorber le «déficit structurel» du Québec ni de politique économique. «Ça semble prendre du temps avant qu'il s'attaque à la réduction des dépenses. Il ne faudrait pas que l'équilibre budgétaire se fasse en pigeant plus dans les poches des contribuables», affirme-t-il.

Alors qu'il place l'économie au centre de ses préoccupations pour la nouvelle session, le chef caquiste se présente à l'Assemblée nationale cet automne sans son lieutenant en la matière, Christian Dubé, qui a quitté son siège de député pour un poste de vice-président à la Caisse de dépôt et placement du Québec. M. Legault vient également de perdre son attaché de presse, Jean-François Del Torchio, qui s'en va à TVA Sports.