Ministres et députés libéraux ont banalisé vendredi matin la photo rendue publique à la commission Charbonneau où l'on voit le premier ministre Charest bras dessus, bras dessous avec l'entrepreneur Tony Accurso.

Le mode de financement des partis politiques a changé. «Je suis très heureux de faire maintenant de la politique où l'ambiance de financement des partis a tellement changé qu'on n'a pas besoin d'organiser d'événements de financement. Cette ère-là est terminée», de soutenir Philippe Couillard à son arrivée au caucus spécial de ses députés.

La photo avait été prise en 2001, au moment où M. Charest était chef de l'opposition. Elle suivait un événement de financement du PLQ; Accurso avait mis son restaurant de Laval à la disposition du parti pour son cocktail de financement.

Pour lui, pas question d'interpréter la sympathie évidente entre les deux hommes, «de faire parler la photo, lui faire dire des choses qu'elle ne dit pas». Mais, d'ajouter M. Couillard, les politiciens «rencontrent plein de gens, j'ai dû me faire prendre en photo avec 40 personnes différentes hier, on assume qu'elles sont là pour les bonnes raisons», ajoute-t-il.

«Comment dire à quelqu'un que vous ne connaissez pas que vous ne voulez pas vous faire prendre en photo avec elle», résumera M. Couillard.

D'autres élus libéraux ont rappelé que très souvent des citoyens demandaient de se faire tirer le portrait avec eux, sans qu'on puisse se prémunir contre des mauvaises surprises. Dans les années 1980, le premier ministre Robert Bourassa avait été photographié avec le leader des Hell's Angels, Maurice Mom Boucher.

«Il faut faire attention en interprétant des photos», de soutenir le ministre des Transports, Robert Poëti. Pour Rita de Santis, députée de Sauvé, «beaucoup de gens nous demandent d'être pris en photos avec eux, on ne refuse jamais. Quand on est une personne publique, on ne peut refuser. Ils nous serrent, nous les serrons. Ils sont gentils, mais cela ne veut rien dire au-delà de ça !» a-t-elle ajouté.

«Un des attributs des élus est d'être en contact avec la population. Là-dedans, il y a toute sorte de monde. Est-ce qu'on souhaite que les politiciens ne soient plus en contact avec la population?», réfléchira tout haut Jean Marc Fournier, le leader parlementaire du gouvernement.

On peut se demander si on peut vérifier l'identité de ces personnes, mais c'est cela reste bien théorique en pratique. «Surtout si c'est par la suite qu'on apprend quelque chose sur la personne en question. On n'est pas des Jojo Savard pour prédire ce qui surviendra dans dix ans. En 2001, saviez-vous qui était M. Accurso? Cessez de monter la barre pour les élus, moi je serai dans le camp des élus qui veulent parler aux gens, je vais dire oui aux gens qui me demandent des photos parce que quand je leur parle, certain me disent qu'ils ne sont pas d'accord avec moi et je les écoute», de résumer M. Fournier.