Un regroupement de jeunes travailleurs du Québec se porte à la défense du projet de loi 3 proposé par le ministre Pierre Moreau. Dans un mémoire obtenu par La Presse, Force Jeunesse, le seul groupe jeunesse à se présenter en commission parlementaire, appuie «sur le fond» la vaste majorité des éléments du projet de loi sur les régimes de retraite. Leur porte-parole, Éloi Lafontaine Beaumier, ajoute même qu'il faut aller plus loin que ce projet de loi afin d'assurer une équité intergénérationnelle.

«Il faut arrêter de jouer au plombier et essayer de colmater les brèches de la tuyauterie. Il faut jouer à l'architecte, changer de paradigme», affirme d'emblée le porte-parole.

Force Jeunesse, financé par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale afin de défendre les droits des jeunes, propose carrément d'exclure les régimes de retraite des négociations collectives. En se basant sur une approche qui existe déjà en Ontario, qui a regroupé ses 170 régimes municipaux, l'organisme propose une approche «sectorielle». «On veut dépolitiser les régimes de retraite», soutient Éloi Lafontaine Beaumier. Il croit que le fait de regrouper les régimes de retraite municipaux en un seul permettrait d'en assurer la pérennité à long terme. M. Lafontaine voit les régimes de retraite comme une «assurance» plutôt que comme une «rémunération». Leur forme actuelle pénalise les jeunes syndiqués, selon lui.

Le regroupement explique avoir consulté plusieurs jeunes au sein d'administrations municipales, parfois même touchés par des clauses de disparité de traitement, pour la rédaction de son mémoire. Toutefois, il lui a été très difficile de parler à des syndiqués concernés directement par le projet de loi. Les associations de jeunes de la CSN et de la FTQ adoptent souvent «la ligne» du syndicat, selon le porte-parole.

Transparence

L'organisme demande aussi plus de transparence dans l'administration des régimes. Force Jeunesse rappelle que les régimes du secteur public sont financés en partie par l'argent des contribuables, et que, par conséquent, cela implique «une divulgation des informations entourant la gestion des régimes». Sans trop s'avancer, il propose que le projet de loi 3 détermine des informations et des documents officiels devant être divulgués publiquement.

Force Jeunesse salue aussi l'apparition du principe d'équité intergénérationnelle, proposé dans le projet de loi, «une première au sein d'un acte législatif au Québec», soutient le groupe. En contrepartie, le porte-parole admet que le terme est «galvaudé comme ça ne se peut pas». Pour le regroupement, l'équité intergénérationnelle signifie «l'absence de clauses orphelins». C'est d'ailleurs la principale raison de la création du groupe en 1999. Il demande aussi une répartition générationnelle du passif raisonnable, ainsi qu'un partage raisonnable des bénéfices. Si ces principes ne sont pas respectés, Éloi Lafontaine Beaumier pense que «les jeunes travailleurs seront pénalisés».

Le groupe admet également qu'il peut parfois être difficile de mobiliser les jeunes sur l'enjeu des régimes de retraite, qui paraît à des années-lumière pour plusieurs jeunes travailleurs. Le regroupement présentera son mémoire demain après-midi en commission parlementaire.