Jean Garon, ex-ministre péquiste et défenseur acharné du monde agricole, est décédé hier. Il avait 76 ans.

Politicien bourru, Jean Garon était un ardent promoteur de la souveraineté alimentaire avant la lettre et de la souveraineté tout court.

Le journal spécialisé pour lequel il rédigeait une chronique a annoncé sa disparition ce matin. Selon La vie agricole, M. Garon est décédé «en début de soirée». L'éditeur de ses mémoires, VLB, a aussi confirmé l'information.

En milieu d'avant-midi, les hommages abondaient. Le chef caquiste François Legault parlait d'un «grand ministre», alors que Bernard Drainville évoquait «le meilleur ministre de l'Agriculture du Québec».

L'homme a été député de Lévis sans interruption de 1976 à 1998, après avoir participé à la création du Parti québécois en tant que membre fondateur. Il a été seul ministre de l'Agriculture de René Lévesque, occupant ce portefeuille pendant près de 10 ans.

Par la suite, l'image de l'homme politique était restée intimement liée à l'agriculture et à la ruralité.

Parmi ses principaux legs, le Québec lui doit la Loi sur la protection du territoire agricole qui vise à défendre la propriété québécoise des fermes et à les préserver d'un développement urbain trop agressif.

Sous la gouverne de Jacques Parizeau, il devient brièvement ministre de l'Éducation, avant de quitter la politique provinciale en 1998. Il est ensuite élu maire de Lévis, jusqu'en 2005.

L'an dernier, il avait publié une autobiographie intitulée Pour tout vous dire.

«J'espère pouvoir contribuer à redonner le goût de l'engagement politique et à raviver la confiance dans le projet de souveraineté, parce que je suis toujours aussi convaincu que l'un et l'autre sont la voie essentielle vers un Québec plus juste, plus intègre, plus prospère et plus fier», écrivait-il en introduction.

Dans sa dernière chronique pour La vie agricole, Jean Garon mettait de l'avant l'importance de «nous nourrir nous-mêmes».

«Quand je suis arrivé au Ministère de l'Agriculture en 1976, j'avais constaté que selon les données économiques du MAPAQ, les Québécois se nourrissaient eux-mêmes à 45% en 1976, écrivait-il. En appliquant plusieurs mesures, nous en étions arrivées à presque 85% en 1985 [année de son départ de l'agriculture].» 

Plus loin dans son texte, M. Garon écrivait qu'il «reviendrai[t]» plus en détail sur cet enjeu «dans d'autres chroniques». Il est décédé 10 jours plus tard.