La ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, soutient que des responsables au sein l'appareil gouvernemental lui ont menti depuis l'évasion par hélicoptère de samedi soir. Elle évoque même la possibilité que ces personnes soient corrompues.

En entrevue sur les ondes du 98,5 fm jeudi, Lise Thériault est revenue sur les raisons justifiant le déclenchement d'une enquête administrative. Elle a réitéré que le gouvernement a reçu jusqu'ici des informations « contradictoires » sur les circonstances ayant mené à l'évasion de trois dangereux détenus. Mais elle est allée plus loin encore.

« Est-ce que des gens mentent quelque part dans l'appareil ? Certainement. L'enquête (administrative) va se pencher sur ça aussi », a-t-elle lancé.

Quand on lui a suggéré que des personnes lui ont menti soit parce qu'elles veulent « se protéger le derrière », soit parce qu'elles sont « corrompues », elle a lâché : « C'est fort probable ». Elle a ajouté qu' « il peut y avoir d'autres scénarios ».

Comme le premier ministre Philippe Couillard l'a annoncé mercredi, l'enquête administrative fera la lumière sur les actions des ministères de la Sécurité publique et de la Justice, des centres de détention et de la Sûreté du Québec et remontera à la première évasion par hélicoptère de mars 2013.

Talonné par l'opposition à l'Assemblée nationale, le premier ministre Philippe Couillard a jeté un doute sur la version de sa vice-première ministre. Il n'a pas voulu confirmer que des personnes au sein de l'appareil gouvernemental ont menti. « Si cela devait s'avérer, ce serait effectivement une situation grave qui nécessiterait des mesures très sévères », s'est-il contenté de dire.

Pour le chef parlementaire du Parti québécois, les déclarations de la ministre sont « troublantes ». « On est rendu à remettre en cause l'intégrité de hauts fonctionnaires au Québec et de policiers de carrière, imaginez-vous ! », a-t-il affirmé, reprochant à Lise Thériault d'avoir alimenté la confusion depuis le début de la semaine. Le chef caquiste François Legault a demandé en vain au gouvernement de préciser qui est soupçonné d'avoir menti dans ce dossier.

« Comment (le premier ministre) peut-il garder sa confiance dans les personnes qui ont, dans certains cas, menti pour continuer à leur laisser des responsabilités importantes ? » a demandé M. Legault lors de la période des questions.

« Je ne dispose aujourd'hui d'aucune information factuelle et avérée me permettant de réviser ce lien de confiance essentiel », a répondu M. Couillard.