La députée libérale Julie Boulet a fait un retour remarqué à l'Assemblée nationale, lundi, alors qu'elle a spontanément gratifié un député de l'opposition péquiste d'un doigt d'honneur.

Mme Boulet s'est ensuite excusée de ce geste, qu'elle a expliqué comme une réponse à une question de Stéphane Bergeron, posée au Salon bleu.

Selon la députée de Laviolette, qui effectuait sa rentrée ce lundi, une semaine après ses collègues, les propos de M. Bergeron, qui représente Verchères, l'ont fait réagir vivement.

«Pour moi la question elle était tendancieuse, vicieuse et blessante, alors spontanément j'ai fait ce geste que je regrette, alors je m'excuse auprès du député de Verchères», a-t-elle dit aux journalistes.

Mme Boulet a affirmé que M. Bergeron, avec sa question, s'est attaqué à la version qu'elle a présentée devant la juge France Charbonneau, qui préside la commission d'enquête sur le secteur de la construction et certains liens avec le financement politique.

«Dans la vie on a le droit de ne pas se souvenir de quelque chose, je ne pense pas que ce soit illégal, a-t-elle dit. Et on parle d'un financement légal, ici, il n'y avait rien qui n'était pas correct non plus dans cette chose-là.»

Tout comme devant la commission, il y a deux semaines, Mme Boulet a répété qu'elle ignorait, à l'époque où Jean Charest était premier ministre, que les ministres libéraux devaient atteindre un objectif de financement de 100 000 $ par année.

«Ce n'est pas moi, c'était une responsabilité déléguée et je n'avais pas le souvenir qu'on m'en ait parlé, tout simplement, a-t-elle dit. Alors j'ai dit la vérité.»

En Chambre, M. Bergeron s'est étonné que lors de son témoignage devant la Commission Charbonneau, Mme Boulet ne se soit pas souvenue des objectifs de financement.

Le député péquiste a rappelé que même le premier ministre Philippe Couillard a contredit Mme Boulet, après son témoignage, en affirmant que cet objectif était connu.

«Le premier ministre a déclaré que tout le monde au Parti libéral était au courant des objectifs de financement, a-t-il dit. Puisque la députée de Laviolette a déclaré sous serment qu'elle n'était pas au courant et puisqu'il l'a contredite publiquement, qu'entend-il faire?»

Après la période des questions, Mme Boulet, qui avait pris des vacances impromptues la semaine dernière, à l'occasion de la rentrée parlementaire, a expliqué que le geste envers M. Bergeron était sans mauvaise intention.

«Ç'a été une période difficile pour moi, je suis blessée alors j'ai fait ça sans aucune mauvaise volonté», a-t-elle dit.

Mme Boulet a accusé les médias d'avoir accentué la perception selon laquelle tous les ministres libéraux connaissaient l'objectif de financement de 100 000 $.

«J'avais des collègues qui avaient une opinion, et j'en avais d'autres qui avaient une opinion et malheureusement les médias ont montré ceux qui étaient plutôt divergents, a-t-elle dit. Mais moi aujourd'hui je vois que j'ai une grande partie du caucus qui est solidaire, qui est avec moi et je suis très heureuse d'être de retour.»

La députée de Richmond, Karine Vallières, a reconnu que le retour en Chambre de Mme Boulet était une situation éprouvante.

«Je pense qu'elle était fatiguée Julie, aujourd'hui, a-t-elle dit. C'était une difficile journée pour elle et on était là pour l'appuyer et on est contents.»

Sortant du Salon bleu après l'incident, la leader de l'opposition officielle, la députée péquiste Agnès Maltais, avait rapidement réclamé des excuses, en s'appuyant sur un message d'une journaliste de La Tribune qui avait rapporté le geste de Mme Boulet sur son fil Twitter.

«Il n'y a rien qui peut se faire ici, dans une assemblée nationale, qui mérite un doigt d'honneur, a-t-elle dit aux journalistes. Une prise de parole ne mérite pas un doigt d'honneur, la liberté d'expression ne mérite pas un doigt d'honneur.»

Mme Maltais a affirmé que la réaction de Mme Boulet démontre la pertinence d'interroger le gouvernement sur la place de Mme Boulet au sein du caucus.

«La question que nous avons posée, qui était posée très respectueusement, sans emphase, très délicatement, méritait d'être posée et mérite encore d'être posée, a-t-elle dit. Qu'est-ce qu'elle fait dans le caucus libéral?»