Le premier ministre Philippe Couillard ouvre la porte à l'idée de moduler selon le revenu familial le tarif des centres de la petite enfance (CPE) et des autres garderies subventionnées.

« Personne ne s'objecterait du fait que quelqu'un qui a mon revenu ou des revenus plus élevés dans la société ait à payer des tarifs comme 10$ par jour pour un enfant en garderie », a-t-il affirmé à la sortie d'une réunion du caucus libéral, lundi.

Le tarif est gelé à 7$ depuis 2004. Dans son dernier budget déposé avant le déclenchement des élections, le gouvernement Marois voulait le faire passer à 9 $ en deux ans. Une telle hausse de deux dollars aurait permis de récolter environ 125 millions de plus par année.

Philippe Couillard a toujours rejeté cette augmentation. Elle représente 1000$ de plus par année pour une famille de deux enfants qui fréquentent un service de garde subventionné, déplorait-il. Il a toujours dit que le Parti libéral se contenterait d'indexer le tarif au coût de la vie. Une modulation selon le revenu n'était pas dans ses cartons jusqu'ici.

Son objectif est d'éviter un « choc tarifaire » pour la classe moyenne et les familles moins fortunées.

« On ne prendra pas de décisions précipitées là-dessus, a précisé M. Couillard. On va regarder l'ensemble de la situation, en voulant préserver ce régime qui a beaucoup servi le Québec notamment sur le plan économique, de la participation des femmes au marché du travail. »

La future commission sur la fiscalité sera appelée à mener une « réflexion » sur le sujet, selon lui.

Dans un rapport rendu public en janvier, un comité de travail créé par le gouvernement Marois recommandait «une hausse de la contribution parentale», sans la chiffrer. Cette mesure «rétablirait un juste équilibre entre la part des parents et celle de l'État». «Cependant, il faudrait que l'augmentation ne crée pas de choc tarifaire et que les répercussions sur les familles à faible revenu puissent être atténuées par des mesures fiscales, si nécessaire. Par la suite, un mécanisme d'indexation annuel devrait s'appliquer», peut-on lire dans le rapport.

Selon le comité, la part des parents dans le financement des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies privées subventionnées «n'a cessé de décroître» au cours des dernières années pour s'établir autour de 13,5% aujourd'hui. Cette part était de 20% en 1997-1998 lorsque le tarif était de 5$. Le tarif est passé à 7$ le 1er janvier 2004, et la part des parents s'élevait alors à 17,2%.

Le comité était présidé par un ancien sous-ministre du ministère de la Famille, Maurice Boisvert. Les représentants de deux ministères - la Famille et les Affaires municipales - en étaient membres. On y trouvait également deux regroupements de CPE, qui ont plaidé pour une hausse du tarif dans les derniers mois.