De loin le plus connu des prétendants éventuels à la succession de Pauline Marois, Pierre Karl Péladeau aura un important travail de réalignement à faire s'il veut faire avancer le Parti québécois (PQ) dans les intentions de vote.

Pour l'heure, même s'il n'est pas intéressé par le poste, l'ancien chef bloquiste Gilles Duceppe serait le plus susceptible de rapprocher le PQ d'une victoire, selon un sondage CROP réalisé du 17 au 21 avril auprès de 1000 internautes.

Gilles Duceppe jouit d'une forte notoriété: il est connu de 82% des électeurs et il ferait monter de sept points de pourcentage les intentions de vote pour le PQ par rapport aux 20% obtenus, avant répartition des indécis, par le PQ actuellement dirigé par Stéphane Bédard.

Une surprise: la députée de Joliette, Véronique Hivon, 44 ans, fait monter son parti de deux points en dépit d'une faible notoriété - seulement 34% des gens la connaissent. «C'est étonnant qu'elle aille chercher ce deux points de pourcentage alors que le tiers seulement des gens la connaissent. C'est sûr qu'elle ira chercher davantage à mesure que sa notoriété montera», observe Youri Rivest, vice-président de CROP.

CROP demandait à l'ensemble des répondants leur intention de vote, en changeant le nom du chef péquiste. Les points supplémentaires obtenus par rapport au PQ de Stéphane Bédard sont des votes qui seraient arrachés aux autres formations.

Pierre Karl Péladeau est connu de 87% des répondants, mais il obtient la même proportion d'appuis supplémentaires que Mme Hivon, soit deux points. «Pour Mme Hivon, ce n'est pas grave. Si elle se présentait à une course, on peut penser que son tirant d'eau augmenterait aussi», précise M. Rivest.

Quant à Pierre Karl Péladeau, il «aura à se redéfinir comme chef péquiste s'il veut se présenter. C'est une opération de "rebranding". Il faut qu'il se fasse reconnaître une deuxième fois, cette fois comme politicien, pour que la greffe prenne entre lui et le PQ», observe M. Rivest.

Des candidats à l'effet nul

D'autres candidats éventuels n'ont pas d'effets sur l'appui au PQ: Jean-François Lisée, connu par 62% des gens, ne ferait pas mieux que Stéphane Bédard. Idem pour Sylvain Gaudreault, ancien ministre des Transports, dont l'effet est aussi nul sur les chances de son parti.

Bernard Drainville est davantage connu - 70% des gens le reconnaissent -, mais ne fait guère monter l'aiguille. S'il était aux commandes du PQ, le parti obtiendrait seulement un point de plus qu'avec Stéphane Bédard.

L'enquête de CROP révèle aussi que 47% des gens sont contents - «très ou plutôt satisfaits» - de l'élection des libéraux le 7 avril. C'est plus de cinq points supplémentaires par rapport au score du Parti libéral aux élections. «Cela indique que les attentes sont élevées envers le gouvernement libéral», souligne M. Rivest.

CROP mesure aussi «l'humeur des Québécois»: depuis les élections, la morosité a clairement diminué. En mars, 39% des gens estimaient que le Québec «allait dans la bonne direction»; ils étaient 51% à penser la même chose dans ce récent sondage.

Moins d'un mois après le scrutin, si des élections avaient eu lieu cette semaine, les libéraux auraient perdu deux points - 40% plutôt que les 42% récoltés. Le PQ obtiendrait 22%, trois points de moins que le 7 avril. La Coalition avenir Québec aurait le même score (23%), mais Québec solidaire récolterait 11%, soit quatre points de plus que le jour du vote.

Installé dans le poste de premier ministre, Philippe Couillard jouit d'une plus grande aura: 35% des gens le voient désormais comme le meilleur candidat au poste - une hausse de huit points -, contre 22% pour François Legault - une montée de huit points aussi. Stéphane Bédard, du PQ, ne récolte que 8%, mais les interviewers ont rappelé qu'il était chef par intérim.

La victoire du PLQ a un effet sur l'appui à la souveraineté. Ainsi, 29% des gens auraient voté oui et 61%, non; 10% des gens étaient indécis.