François Legault veut essayer une «nouvelle recette» pour mener la Coalition avenir Québec (CAQ) au pouvoir dans quatre ans et demi.

Le chef caquiste a servi cette explication mardi pour justifier sa décision de retirer à Gérard Deltell la fonction de leader parlementaire au profit de François Bonnardel.

Après deux défaites électorales et à l'aube d'un long mandat majoritaire du Parti libéral, le temps était venu pour la CAQ de rebrasser les cartes, a fait valoir son chef.

«On a fini troisième, donc, je veux m'améliorer. La prochaine fois je veux finir premier, ça fait deux fois que je finis troisième, ce n'est pas mon style», a soulevé le leader caquiste, tout juste avant la prestation de serment des 22 élus de la Coalition avenir Québec au Salon rouge de l'Assemblée nationale.

«Je pense que c'est normal que pour les quatre prochaines années et demie, il y ait des changements. Et moi, je voulais voir des changements, essayer une nouvelle recette, mettre les joueurs à des endroits différents. Leader (parlementaire), c'est une position importante, mais je vous dirais qu'il y a un certain nombre de portefeuilles qui sont aussi importants», a-t-il ajouté.

Réélu le 7 avril dans la circonscription de Chauveau, M. Deltell est en attente d'une nouvelle affectation depuis qu'il a perdu son poste de gardien de la procédure parlementaire la semaine dernière.

Il se verra offrir des responsabilités majeures au sein du caucus dans les jours qui viennent, a assuré M. Legault.

«M. Deltell va avoir un rôle important à jouer, je vais lui donner un portefeuille important au cours des prochains jours, on attend juste d'avoir la nomination du conseil des ministres (mercredi)», a-t-il dit.

Des rumeurs de corridors laissaient entendre la semaine dernière que le chef de la CAQ avait pris en grippe le groupe d'anciens députés de l'Action démocratique (ADQ) dans la région de Québec dont M. Deltell est la figure la plus connue avec son collègue de La Peltrie, Éric Caire.

Selon M. Legault, il s'agit d'une histoire montée en épingle qui ne correspond pas à l'ambiance qui règne au sein de la CAQ. Il ne croit pas, du reste, avoir manqué de respect envers l'ancien chef de l'ADQ en le dépouillant de sa fonction de leader.

«J'ai eu une très bonne conversation quand je lui ai annoncé ça à l'avance. Je ne vois pas, je pense qu'on a monté tout ça en épingle. Il y a une très bonne ambiance à la Coalition avenir Québec», a-t-il insisté.

En point de presse, M. Deltell n'a pas tenté de dissimuler sa déception, mais il s'est fait bon soldat. Il a dit accepter la décision de son chef de confier à quelqu'un d'autre la tâche de veiller à la procédure pendant les débats.

«C'est la prérogative du chef de nommer les officiers parlementaires», a-t-il dit, promettant qu'il assumera ses prochaines responsabilités «avec le plus d'enthousiasme possible».

«Ça fait partie de la vie politique. J'ai toujours dit que ces emplois-là ne nous appartiennent pas, ces emplois-là nous sont prêtés. Je l'ai dit souvent, maintenant je l'applique», a-t-il souligné, philosophe.

Pour un deuxième mandat de suite, la CAQ devra se contenter du rôle de second violon à l'Assemblée nationale derrière l'opposition officielle formée, cette fois, du Parti québécois.

Dans son allocution au Salon rouge, au terme de l'assermentation de ses députés, M. Legault a fait savoir que sa formation allait exercer une vigilance soutenue sur cinq grands enjeux pendant la prochaine session parlementaire. Ces enjeux sont l'économie, la réduction du fardeau fiscal, la qualité des services publics, l'intégrité et enfin, la défense du français et l'identité.