Au centre d'une enquête de l'UPAC sur le financement occulte au Parti libéral du Québec, Nathalie Normandeau avait maintenu, jusqu'à tout récemment, des liens étroits avec son parti. L'ex-ministre était affectée à la formation des candidats à la permanence du PLQ durant la dernière campagne électorale.

>Le cabinet de Normandeau visé par l'UPAC

Mme Normandeau conseillait les candidats qui avaient à donner des entrevues aux médias. Ses anciens collègues Jacques Dupuis et Michelle Courchesne faisaient de même. En fin de journée hier, Gabrielle Collu, responsable des communications au PLQ, n'a pu nier ces informations, mais a refusé de les commenter. «Il y a beaucoup de monde qui ont participé à la campagne», s'est-elle contentée de répondre.

La porte-parole du PLQ était davantage prête à répondre aux questions portant sur les révélations liées à l'enquête de l'UPAC sur le financement occulte au PLQ et sur le rôle que Mme Normandeau et son cabinet y auraient joué. «Le Parti libéral a 55 000 membres, existe depuis 147 ans. Nous voulons que la lumière soit faite sans compromis. S'il y a eu des personnes qui ont posé des gestes répréhensibles, qu'ils en subissent les conséquences», a-t-elle dit, promettant la collaboration du parti au travail des policiers.

Dans un point de presse, la députée péquiste de Taschereau, Agnès Maltais, a rappelé que son parti avait réclamé que ce dossier soit divulgué avant les élections. Le tribunal en avait décidé autrement, constate-t-elle, refusant de «faire des hypothèses» sur ces décisions.

Circonscription virtuelle

Devant les informations devenues publiques, Mme Maltais souligne que le nouveau premier ministre Philippe Couillard a beaucoup de réponses à donner. Il doit d'abord préciser si, lors de sa rencontre avec les policiers de l'UPAC en juillet 2013, des questions ont été soulevées à propos des gestes du cabinet de Mme Normandeau. «M. Couillard a promis de travailler en toute transparence», a souligné la péquiste. Selon elle, le PLQ doit préciser combien d'argent a transité par des voies illicites - la permanence aurait, selon le document de l'UPAC, créé un «127e comté», virtuel, pour y aiguiller du financement.

Des sources libérales indiquent qu'il s'agit probablement d'une enveloppe pour le financement auprès des employés de firmes d'ingénieurs ou de professionnels, le financement «sectoriel» qui existe aussi au Parti québécois. Quant à la différence entre les sommes collectées et les sommes versées au parti, il s'agirait des coûts des événements, risque-t-on.

Du côté de Québec solidaire, Amir Khadir, député de Mercier, indique que son parti a soulevé ces problèmes depuis quatre ans et que les enquêtes semblent marquer le pas. «Il devient de plus en plus évident que ces élections, incluant celle du 7 avril dernier, se sont déroulées avec un butin de guerre illégal», soutient-il. «Les libéraux ont toujours nié les retours d'ascenseur, mais avec les révélations entourant des poids lourds comme l'ex-vice-première ministre et l'ex-argentier Marc Bibeau, on peut en douter», poursuit le député de Mercier.