Malgré son expulsion du Parti libéral, Fatima Houda-Pepin n'abandonne pas la politique. Elle se présentera comme candidate indépendante dans La Pinière lors de la prochaine campagne électorale et affrontera le candidat-surprise de son ancien parti, Gaétan Barrette.

Elle ne craint pas d'affronter cet ex-candidat caquiste devenu libéral. «Qui est Gaétan Barrette dans La Pinière? Hier, quand il s'est présenté, combien de fois il a parlé de La Pinière? Il vient chercher une limousine sur le dos des citoyens de La Pinière. Une limousine que j'ai moi-même refusée, au nom des citoyens de La Pinière», a-t-elle cinglé.

Il restait environ 40 000 dollars dans la cagnotte de l'association libérale locale pour préparer la campagne. L'argent ira désormais au Dr Barrette. «Ce que vous devriez lire sur les pancartes, c'est: Autorisé par l'agent officiel du Parti libéral, et payé par Mme Houda-Pepin», a-t-elle raillé.  

Elle accuse son ancien chef Philippe Couillard d'avoir chassé une députée de conviction pour la remplacer par «un transfuge solide sur ses ambitions».

Après son expulsion à la fin janvier, le président du Parti libéral, Saul Polo, aurait indiqué que l'exécutif de l'association de La Pinière serait dissout. 

Elle ne pouvait dire combien d'argent elle a pour organiser sa campagne.

Pour une politique noble

«J'offre (aux électeurs de La Pinière) d'écrire une nouvelle page d'histoire en renouvelant leur confiance à une députée loyale et intègre (...) qui a refusé de piler sur ses convictions pour une promesse de poste de ministre», a-t-elle lancé. Elle accuse M. Couillard d'avoir marchandé son appui en échange d'un futur poste de ministre.

«La politique est un métier noble quand on l'exerce noblement», a-t-elle ajouté. Il est selon elle «urgent de combler le fossé qui se creuse de plus en plus entre les gouvernants et les gouvernés», car «la partisanerie à outrance est en train de tuer la démocratie». 

Elle dit poser ce geste «par amour pour le Québec, dont j'ai toujours défendu les intérêts supérieurs en bâtissant des ponts, entre les francophones, les anglophones et les Québécois de toutes origines». Et aussi «pour les démocrates de toutes les religions, et sans religion, qui se reconnaissent dans mon combat contre l'extrémisme religieux et qui veulent arrêter l'érosion de nos droits fondamentaux au nom d'une certaine liberté de religion».

Il est rarissime qu'un député indépendant soit élu. «Mais ce n'est pas vrai qu'à l'Assemblée nationale, je n'aurais plus de droit de parole. Vous l'avez constaté dans les dernières semaines», a-t-elle assuré. Elle avait pris la parole deux ou trois fois par semaine, entre autres pour défendre son projet de loi pour la neutralité religieuse.

Elle raconte avoir déjà obtenu des gains pour ses commettants autant sous un gouvernement libéral que péquiste. Elle a notamment référé au réaménagement de l'échangeur Taschereau, à la création de 150 places pour personnes en perte d'autonomie, la création d'une école primaire et la construction d'une bibliothèque de 1,4 million au début des années 2000.

Élections sur la Charte ?

Fatima Houda-Pepin n'appuie pas pour autant le projet de Charte de la laïcité du gouvernement Marois. «Je ne suis pas du tout d'accord avec sa stratégie qui a été très divise pour le Québec, a-t-elle d'ailleurs rappelé. C'est une charte qui ne répond pas nécessairement aux vrais problèmes.»

«Mais il faut reconnaître à Mme Marois une chose, a-t-elle poursuivi. C'est qu'elle a réussi à imposer son agenda, non pas parce qu'elle est forte, mais parce qu'en face d'elle, le chef du Parti libéral (...) qui a décidé qu'il n'y avait pas de débat sur la charte.»