Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, présentera le budget 2014-2015 du gouvernement du Québec le 20 février, à 16 h, a confirmé son bureau vendredi après-midi.

M. Marceau en sera au dépôt de son deuxième budget, le premier remontant au 20 novembre 2012.

La présentation du document budgétaire jeudi prochain, à la veille d'une pause de deux semaines des travaux de l'Assemblée nationale, vient appuyer la thèse d'un déclenchement hâtif des élections générales. D'après les scénarios qui circulent, les électeurs pourraient être appelés aux urnes aussitôt tôt qu'à la fin mars, ou à la mi-avril.

La première ministre Pauline Marois reste discrète sur le calendrier électoral, mais le climat d'agitation qui règne à l'Assemblée nationale et la multiplication des annonces à travers le Québec ces dernières semaines laissent peu de doutes quant à l'imminence d'une nouvelle campagne.

Compte tenu de l'opposition appréhendée des libéraux et des caquistes aux mesures budgétaires que dévoilera M. Marceau, la première ministre pourrait demander au lieutenant-gouverneur de dissoudre la Chambre - et déclencher les hostilités électorales - avant même que le budget ne soit soumis au vote de l'Assemblée nationale.

De passage à Montréal pour l'annonce d'une aide de 18 millions $ dans un projet de recherche de l'Institut de cardiologie, Mme Marois a confirmé vendredi que les exigences de l'opposition ne pourront être satisfaites dans le budget.

«Déjà, on a vu que les conditions posées par la Coalition (avenir Québec), par exemple, sont impossibles à rencontrer. Eux choisissent l'austérité, nous, on choisit la prospérité, ce n'est pas compliqué. Ils voudraient qu'on atteigne l'équilibre budgétaire maintenant; c'est impossible, impossible compte tenu de l'état des revenus», a-t-elle dit.

De fait, le retour à l'équilibre budgétaire à la fin de l'année financière 2014-2015 - en comprimant les dépenses - est une des trois conditions posées par la CAQ pour appuyer le budget, avec la réduction de la taxe santé et un plan de relance de l'économie. Si elle n'obtient pas satisfaction, la Coalition votera contre le budget, a insisté le chef François Legault, au terme d'une rencontre avec le Conseil du patronat à Montréal.

«C'est ce qu'on a dit depuis le début et c'est ce qu'on va faire. (...) Si Mme Marois a les mains attachées avec la FTQ et ne veut pas comprimer les dépenses pour le bien de l'ensemble des Québécois, ce sera son problème et ce sera elle qui sera jugée dans une campagne électorale», a prévenu M. Legault.

De son côté, le chef libéral Philippe Couillard a dit entretenir «de grands doutes» sur la volonté de la première ministre péquiste de soumettre le budget au vote de l'Assemblée avant de plonger le Québec en élection. Il met déjà en doute la crédibilité de la présentation budgétaire de jeudi.

«Le gouvernement s'est trompé d'environ 830 millions $ dans les dépenses par rapport à son premier budget, ce n'est pas rien, alors il est permis de douter de la crédibilité des chiffres qui seront présentés», a-t-il affirmé.

Quoi qu'il en soit, les exigences formulées par le Parti libéral du Québec (PLQ) rendent peu probable un vote favorable au budget.

M. Couillard demande au gouvernement de s'engager, en dépit du déficit, à limiter la hausse des tarifs d'Hydro-Québec au taux d'inflation, à ne décréter aucune hausse d'impôt ou de taxe, à présenter des mesures de stimulation de l'emploi, à abandonner le régime de redevances minières et à déposer un plan de retour à l'équilibre budgétaire.

Mme Marois a indiqué la semaine dernière lors d'une réunion de son aile parlementaire à Shawinigan que le portrait des finances publiques du Québec n'avait pas changé depuis la mise à jour économique du mois de novembre dernier. Cela suppose que le budget maintiendra le cap sur un déficit de 2,5 milliards $ cette année, et de 1,7 milliard $ l'année suivante.

Au moment même où le ministre Marceau dévoilera son budget, le vérificateur général par intérim, Michel Samson, déposera à l'Assemblée nationale son rapport hautement attendu sur la mise à jour économique de novembre. L'analyse du vérificateur général portera sur l'exercice 2013-2014, et le déficit anticipé de 2,5 milliards $. Ce rapport, dit-on, comportera plusieurs recommandations.

Dans un communiqué, le ministre Marceau a annoncé la fin des consultations prébudgétaires. Les représentants de plus de 75 groupes ont été rencontrés et une soixantaine de mémoires ont été soumis au ministre.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a lui aussi fait connaître ses souhaits. «Je m'attends à ce qu'on parle de logement, d'infrastructures, de mesures de financement. C'est sûr que moi, ce que je veux, éventuellement, c'est un statut pour la capitale et un statut pour la métropole», a-t-il déclaré.