La Coalition avenir Québec (CAQ) se dit victime de «chantage» du cabinet du ministre des Finances au sujet du mari de Pauline Marois.

Lundi, un membre de l'équipe de recherche de la CAQ parlait avec un employé du cabinet du ministre des Finances, Nicolas Marceau. Le caquiste lui demandait si M. Marceau appuiera le projet de réforme de la gouvernance de la FTQ. L'employé de M. Marceau aurait dit que le gouvernement n'y donnerait pas suite tant que la CAQ ne «lâcherait pas le morceau» au sujet de Capital BLF, ex-société du mari de Mme Marois, Claude Blanchet.  

C'est le caquiste Christian Dubé qui a lancé ces accusations en point de presse. Il n'a pas voulu nommer les deux personnes impliquées dans la conversation, qu'il n'a pas entendue. L'employé caquiste a noté des éléments de la conversation sur un papier, qu'il a ensuite montré à M. Dubé. Le député caquiste en a parlé au ministre Marceau mardi. Le ministre lui aurait promis de «regarder ça», a rapporté M. Dubé.

L'attachée de presse de M. Marceau, Mélanie Malenfant, ne comprend pas la sortie de M. Dubé. «On avait déjà avisé M. Dubé qu'on ne collaborerait pas à son projet de loi, et on ne changera certainement pas d'idée en l'entendant faire du salissage non fondé sur la famille de la première ministre», a-t-elle indiqué.Elle s'empresse de préciser que le gouvernement «ne l'a pas empêché de travailler, et n'a pas essayé de le faire taire». 

«Ce qu'on a dit, c'est qu'on va tout simplement travailler chacun de notre côté, poursuit-elle. On va déposer prochainement notre propre projet de loi (pour réformer la gouvernance de la FTQ).»

Mais les députés péquistes ont malgré tout voté aujourd'hui contre une motion qui l'enjoignait de «présenter avant le déclenchement (...) d'une élection générale, un projet de loi proposant de revoir la gouvernance du Fonds de solidarité de la FTQ afin d'y retrouver les plus hauts standards d'éthique, de transparence et d'imputabilité.»

Compte à rebours avant les élections

Le temps presse. Des élections pourraient être déclenchées bientôt, et l'Assemblée nationale sera en relâche pour la dernière semaine de février et la première semaine de mars.

La CAQ demande depuis plusieurs mois de réformer la gouvernance du Fonds de solidarité. Mis sur la sellette, le Fonds a finalement accepté de nommer un président et des administrateurs indépendants sur son conseil d'administration.

Ces changements devront être officialisés en adoptant un projet de loi. La CAQ en a déposé un aujourd'hui, mais le gouvernement préfère travailler sur le sien.

L'opposition s'intéresse au «deal»  

Depuis quelques semaines, l'opposition talonne Mme Marois au sujet du «deal» allégué entre son mari et le Fonds de solidarité. M. Blanchet a conclu en 2008 une transaction inusitée avec le Fonds, qui fut déficitaire pour les épargnants. M. Blanchet a vendu les actions trois fois plus cher qu'il ne les a payées, selon ce qu'avance la CAQ et ce que révèle un témoignage entendu en écoute électronique à la commission Charbonneau

Les caquistes et libéraux se demandent si le Fonds aurait pu vouloir s'acheter une influence auprès de Mme Marois, ou si cette dernière aurait pu profiter de son influence auprès de l'ex-patron du Fonds, Michel Arsenault. La libérale Lise Thériault a même soupçonné aujourd'hui un «cover up», sans pouvoir le prouver.