Le gouvernement Marois entend instaurer un «service civique» rémunéré et destiné aux jeunes ni au travail ni aux études. Il veut y consacrer jusqu'à 10 millions par année.

Selon des documents du Conseil exécutif que La Presse a obtenus, ce «service civique», aussi appelé «programme volontaire de service citoyen», vise à «encourager les jeunes à entreprendre une expérience de travail dans une communauté en contrepartie d'une allocation de subsistance» versée par l'État. La première ministre Pauline Marois a présenté ce programme lors de la réunion du Conseil des ministres mercredi dernier.

Il s'agit de la mesure-phare du Livre blanc sur la jeunesse qu'elle dévoilera aujourd'hui. Ce document sera étudié en commission parlementaire et servira de base à la politique jeunesse 2015-2020 que le Conseil des ministres adoptera d'ici à la fin de l'année.

Le service civique, destiné aux 18-24 ans, sera sous la responsabilité du Secrétariat à la jeunesse, indique-t-on. Il ne sera donc pas entre les mains du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, qui gère le programme d'aide sociale et offre déjà plusieurs mesures d'aide à l'emploi aux jeunes (Alternative Jeunesse, par exemple).

Forums jeunesse

Si l'on se fie au modèle français, les expériences de travail seraient offertes dans des municipalités, des organismes communautaires ou encore des écoles.

Le «service civique» aurait une durée de quelques mois. Et «à la fin de l'expérience de travail, les jeunes devraient s'engager dans une démarche de scolarisation ou d'insertion en emploi, sous la supervision des forums jeunesse», précise le Conseil exécutif. Ces forums se trouvent dans chaque région du Québec.

Les documents obtenus ne chiffrent pas le montant de l'allocation qui serait versée en échange d'un service civique. Le gouvernement prévoit toutefois investir 2,7 millions de dollars dans son nouveau programme en 2015-2016, 5,3 millions l'année suivante et 10 millions annuellement par la suite. Comme des élections ont de fortes chances d'avoir lieu ce printemps, il faut s'attendre à ce que la mesure fasse partie du programme du Parti québécois.

Dans les documents du Conseil exécutif, Québec justifie sa mesure en disant que les jeunes ont besoin d'un coup de pouce pour bien gérer les «périodes de transition» et choisir leur domaine d'études ou leur métier. Car «pendant cette période cruciale, plusieurs jeunes se retirent de la vie active», ne sont ni à l'école ni au travail. Les «expériences de travail communautaire» pourraient leur venir en aide, estime le gouvernement.

Soutien financier

Québec entend également mettre sur pied un programme de soutien financier aux entreprises en matière de conciliation famille-travail (1,625 million par année). Il veut créer une «mutuelle de formation pour les jeunes administrateurs». La mutuelle proposera des formations de courte et de moyenne durée sur les règles de bonne gouvernance. Des «activités de sensibilisation» seront faites auprès de conseils d'administration, notamment des sociétés d'État, afin de souligner «l'importance d'inclure des jeunes en leur sein».

Le Livre blanc sur la jeunesse est le fruit de la consultation menée au cours des derniers mois par le député et adjoint parlementaire de Mme Marois, Léo Bureau-Blouin, un ex-leader étudiant.