Comme le faisait naguère Maurice Duplessis, Pauline Marois a tenté la semaine dernière d'acheter des votes avec une usine, dénonce l'opposition officielle.

Lors de l'annonce de l'implantation de la cimenterie McInnis, vendredi dernier en Gaspésie, la première ministre a évoqué les vertus d'un vote en faveur du Parti québécois. En conférence de presse au sujet de l'investissement d'un milliard de dollars, Mme Marois a affirmé que la circonscription de Bonaventure avait fait «un très bon choix» aux dernières élections et que l'on pouvait constater «les résultats aujourd'hui de ce choix».

Considéré comme une place forte libérale, le comté de Bonaventure a basculé dans le camp péquiste au scrutin du 4 septembre 2012.

Pour le député libéral Jean-Marc Fournier, la première ministre a laissé entendre auprès des Gaspésiens qu'il n'y aurait pas eu d'investissement dans la région sans l'élection d'un député du Parti québécois. Il y voit l'expression d'un électoralisme éculé, digne des années de patronage sous la gouverne de l'Union nationale de Maurice Duplessis.

M. Fournier, qui appuie le projet McInnis, exige de Mme Marois qu'elle présente des excuses pour avoir tissé un lien entre les choix politiques d'une région et les projets destinés à son développement économique.

Selon lui, la chef péquiste a voulu exploiter l'annonce de vendredi dernier «pour obtenir un rendement électoral», une pratique qu'il juge inacceptable et irresponsable.

Au lieu de s'abaisser au clientélisme politique, la première ministre devrait assumer son rôle de promoteur du développement économique de toutes les régions, sans égard aux choix des électeurs, a fait valoir le député de Saint-Laurent.

«On ne regarde pas la couleur du comté, on a une responsabilité sans égard aux résultats de l'expression démocratique. Il faut faire avancer des projets économiques sans viser des rendements électoraux. Le bulletin du rendement de Mme Marois viendra lors des élections, point à la ligne», a déclaré M. Fournier.

L'allusion de la première ministre péquiste aux mérites d'un vote «du bon bord» ramène le Québec à «au moins 50, 60 ans» en arrière, à l'époque de «la Grande Noirceur avec Maurice Duplessis», a poursuivi l'ancien ministre sous le gouvernement Charest.