La charte des valeurs n'inquiète pas les investisseurs étrangers, estime la première ministre Pauline Marois.

Ni du reste le déficit budgétaire du Québec, selon elle.

Mme Marois a trouvé le temps de faire deux annonces à caractère économique lors de son passage éclair à Londres, lundi, en prélude à sa participation au Forum économique mondial de Davos à compter de mardi.

Elle a notamment confirmé l'implantation à Montréal de la firme britannique Cinesite qui créera au moins 200 emplois dans la métropole sur une période de quatre ans. L'installation de ce studio spécialisé en effets visuels pour le cinéma - la franchise Harry Potter, Robocop et de nombreux autres films à succès - nécessitera des investissements de 6,7 millions de dollars.

Avec un prêt sans intérêt de 1,2 million de dollars pour lancer le projet, Investissement Québec est parvenu à damer le pion à Vancouver que lorgnait le studio londonien.

La première ministre a également annoncé un investissement gouvernemental de 10 millions de dollars dans le fonds White Star Capital, une firme de capital de risque oeuvrant dans les applications mobiles, le commerce électronique et le jeu vidéo. White Star Capital ouvrira un bureau à Montréal.

Le fondateur de la société, le Québécois Éric Martineau-Fortin, a assuré que le fonds trouvera des «opportunités d'investissement» pour le Québec d'une valeur au moins équivalente à la contribution financière du gouvernement.

En point de presse, Mme Marois n'a pas été en mesure d'évaluer les retombées de l'investissement, mais s'est félicitée de l'implantation au Québec de la firme présente dans sept pays.

«Il faut saluer cette initiative qui offre l'intérêt d'être pilotée en partie par des Québécois, d'offrir un service essentiel à des entreprises en démarrage, et à leur fournir un accès à un réseau mondial. Il s'agit d'un segment qui peine parfois à trouver du financement», a-t-elle dit.

Pour la première ministre, le climat «très favorable à l'investissement» dont jouit le Québec porte fruit.

Le débat actuel sur la charte des valeurs, qui déchire la classe politique et soulève la controverse partout au Canada, n'indispose d'aucune façon les investisseurs étrangers intéressés par le Québec, a-t-elle fait valoir.

«Ce n'est pas un sujet de préoccupation pour les investisseurs. Ils sont intéressés par nos politiques économiques, par notre main-d'oeuvre qualifiée et créative, par les politiques du gouvernement en regard du contrôle des dépenses et du déficit. Ce sont les raisons pour lesquelles les investisseurs continuent de soutenir l'économie du Québec», a déclaré Mme Marois.

Le débat sur la laïcité et le port des signes religieux fait grand bruit sur la scène québécoise, mais les investisseurs internationaux se tiennent loin des enjeux qui s'y rattachent, a renchéri M. Martineau-Fortin, qui a quitté le Québec il y a 20 ans.

«Nous sommes un fonds d'investissement qui opère entre New York, Londres et Montréal. Ce ne sont pas des considérations qui entrent en ligne de compte pour investir», a-t-il soulevé.

Comme pour le débat sur la charte des valeurs, Mme Marois pense que les entreprises européennes désireuses d'investir ne se laissent pas distraire par le déficit budgétaire qu'accuse le Québec - 1,75 milliard de dollars prévu en 2014-2015.

«C'est en bas de 1 % de la valeur de notre PIB alors que les pays européens qui ont fixé comme objectif de rester en deçà de trois pour cent de leur PIB, dans plusieurs cas, le dépassent encore. Ce n'est pas, sous l'angle des investisseurs étrangers, un véritable enjeu», a-t-elle noté.

La chef du Parti québécois avait le sourire facile lundi avec le plus récent sondage qui lui permet d'espérer former un gouvernement majoritaire à l'issue du prochain scrutin.

Interpelée sur l'échéancier électoral, Mme Marois s'en est tenue à sa formule habituelle, refusant d'abattre ses cartes.

«Il y a beaucoup de plats au feu, nous avons beaucoup de projets à offrir aux Québécois, il y a beaucoup de projets en marche, vous allez en voir apparaître dans les jours qui viennent. (...) On va travailler d'abord à faire avancer le Québec, à créer des emplois. C'est ça ma priorité à ce moment-ci», a-t-elle dit.

Devant environ 200 invités de la Chambre de commerce Canada - Royaume- Uni venus l'entendre, la première ministre a d'ailleurs invité les gens d'affaires à profiter de l'abondance des ressources naturelles qu'offre le Québec.

En lieu et place du défunt Plan Nord du gouvernement libéral de Jean Charest, Mme Marois a vanté les mérites de sa version péquiste, le «Nord pour tous».

«Notre Nord abonde de ressources minérales», a-t-elle déclaré dans le discours rédigé en anglais qu'elle a lu non sans certaines difficultés. Elle a rappelé à l'assistance que le Québec s'était finalement doté, peu avant Noël, d'un nouveau régime minier qui permettra au gouvernement de jouer un rôle actif dans l'exploitation des ressources.

«Nous nous préparons en prévision d'une reprise du secteur minier et nous avons de nombreuses occasions d'affaires pour des investisseurs prêts à agir en partenariat avec nous», a déclaré la première ministre.

Mme Marois a mis fin à sa mission dans la City en fin de journée lundi et passera le reste de la semaine en Suisse, dans la station de Davos, pour le Forum économique mondial.