«Surprise» par la sortie de son collègue Gilles Ouimet, la députée libérale Fatima Houda-Pepin se dissocie de la position qu'il a exprimée sur le port de signes religieux ostentatoires chez les policiers et les gardiens de prison. Elle n'a jamais été mise au courant de cette position.

Jeudi, en entrevue à La Presse, M. Ouimet a donné un avant-goût des conclusions du comité qu'il préside pour, entre autres, revoir la position du parti sur le port de signes religieux par les agents de l'État ayant un pouvoir coercitif. Le comité a obtenu ce mandat du chef Philippe Couillard, qui voulait ainsi faire la paix avec Mme Houda-Pepin. En novembre, la députée avait condamné publiquement l'orientation de son parti, qui se refusait à toute interdiction concernant les signes religieux ostentatoires.

Le comité recommandera finalement des balises, mais sans rien interdire, a déclaré M. Ouimet jeudi. Cette position reflète les orientations données par M. Couillard en décembre, selon lui. Il a soutenu que le comité rappellera que les policiers et les gardiens de prison doivent porter l'uniforme prescrit par la loi ou le règlement. Si un policier ou un gardien de prison fait une demande d'accommodement à son patron en vue de porter un signe religieux, le comité proposera qu'elle soit refusée si des motifs liés à la sécurité, la communication ou l'identification le justifient. Sinon, elle devrait être acceptée. Les juges ne seraient finalement pas visés par le comité.

«Cette proposition n'a jamais été soumise pour discussion dans les réunions auxquelles j'ai participé au comité, a affirmé à La Presse Mme Houda-Pepin, vendredi. Je ne veux pas être associée ni de près ni de loin à cette proposition parce que je n'y ai pas participé et que j'en ai été informée par les médias comme tout le monde.» Elle n'a pas voulu s'exprimer sur le fond de la proposition - elle réserve ses commentaires au caucus. Elle a surtout condamné la démarche utilisée par le président du comité.

«Pas au courant»

Car la sortie de Gilles Ouimet la «surprend». «Je n'étais pas au courant qu'il y avait cette sortie et qu'on allait annoncer que le parti a déjà pris une position de cette nature», a-t-elle dit.

Gilles Ouimet a dit que les travaux du comité sont avancés et qu'un rapport serait produit sous peu. L'ancien bâtonnier du Québec a ajouté que Mme Houda-Pepin avait participé aux réunions et «collaboré aux travaux», sans préciser si elle était à l'aise avec la tournure des événements. La députée a indiqué qu'elle n'a encore vu aucun document présentant des conclusions du comité. «Il ne faut pas laisser croire que j'ai participé à la discussion» sur la position défendue par M. Ouimet, a-t-elle dit.

Selon elle, «la prudence et la rigueur les plus élémentaires» auraient «commandé» que cette position et toutes autres options soient d'abord débattues à la réunion du caucus, prévue à la fin du mois, «avant d'annoncer quoi que ce soit».

Mme Houda-Pepin se dit «ouverte à toutes les propositions», mais elle croit encore à la pertinence d'interdire le port de signes religieux aux agents coercitifs de l'État, comme le recommandait la commission Bouchard-Taylor. «Je suis toujours là où j'étais dans la position que j'ai exprimée. Je souhaiterais que [le Parti libéral] puisse évoluer pour nous mettre au diapason du Québec», a-t-elle dit.

«Je chemine avec mon parti, j'essaie d'aider mon parti, de collaborer à l'intérieur de l'équipe, j'essaie que cette collaboration que j'apporte pour le Québec se fasse à travers le Parti libéral du Québec. Et si c'est possible, je le souhaite. Si ce n'est pas possible, j'aurai tout essayé», a-t-elle laissé tomber.

La seule députée musulmane de l'Assemblée nationale, d'origine marocaine, recueille toujours les commentaires de ses collègues sur le projet de loi qu'elle a préparé - sans avoir pu le déposer à l'Assemblée nationale - concernant la neutralité religieuse de l'État et la lutte contre l'intégrisme.