Une centaine de professeurs de l'UQAM ont signé une pétition afin de proclamer haut et fort leur appui à la Charte de la laïcité, alors que leur recteur et certains de leurs collègues se sont prononcés contre l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires.

Tout comme à l'Université de Montréal, où la question déchire le syndicat des professeurs, on est tout aussi loin d'un consensus à l'UQAM.

Cette autre pétition se veut d'abord une réplique à une première pétition lancée plus tôt cet automne par leurs collègues professeurs.

Pour les auteurs de cette nouvelle pétition, pro-Charte, celle-là, et cosignée entre autres par l'ex-syndicaliste Gérald Larose, la volonté d'ouverture à tous ne doit pas «ouvrir la porte à la discrimination sur la base du sexe et [...] donner droit de cité à des signes religieux qui infériorisent les femmes».

«En tant qu'université se définissant comme laïque, l'UQAM ne peut nier les principes de la laïcité dont elle se réclame, peut-on aussi lire. Elle se doit d'observer une neutralité religieuse que tous ses professeurs et toutes ses professeures, sur le même pied, ont l'obligation de respecter.»

Les étudiants exclus

Les auteurs de la pétition - et ceux qui l'ont signée - trouvent par ailleurs «fort déplorable que le recteur de l'UQAM se soit prononcé contre le projet de charte au nom de l'établissement, sans consultation du corps professoral ni de la Commission des études».

En entrevue, Gérald Larose a rappelé que l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires ne vaut pas pour les étudiants, qui, eux, pourront continuer de porter voiles, kippas, etc.

Mais comme institution et comme l'a consacré le rapport Parent, l'université est laïque et non plus ecclésiale, signale M. Larose, qui est aujourd'hui professeur à l'École de service social.

Comme dans la société en général, les professeurs sont très divisés sur la Charte. L'UQAM devrait-elle s'abstenir de se prononcer? Louis Gill, professeur de sciences économiques, croit au contraire qu'elle a le devoir de le faire, «mais après qu'il y a eu débat au sein du syndicat et idéalement, après un référendum sur le sujet».

Dans l'avis qu'il vient de déposer à la consultation sur le projet de loi 60, le recteur de l'UQAM, Robert Proulx, signale d'entrée de jeu que son point de vue n'engage que lui en tant que recteur et qu'il «n'a pas la prétention de refléter la diversité d'opinions au sein de la communauté universitaire».

Jenny Desrochers, directrice des communications à l'UQAM, note enfin que quand le recteur a soumis aux membres du conseil d'administration et à la Commission des études son intention de prendre part au débat, «personne ne s'y est opposé».