Le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, n'a «aucune raison de douter» du choix d'un ami du patron de la Sûreté du Québec pour enquêter sur les allégations criminelles envers trois anciens gradés du même corps de police.

«La question n'est pas de savoir si je suis à l'aise ou non. J'ai mandaté le sous-ministre pour constituer une équipe, il a choisi les personnes qu'il estimait les plus compétentes», rapporte-t-il.

Le Bureau des enquêtes indépendantes n'était pas formé. Une équipe ad hoc a donc été nommée. Elle est constituée d'anciens enquêteurs. Cinq viennent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), en plus d'un ancien du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), et un ancien de la Sûreté du Québec (SQ), Bruno Beaulieu.

M. Beaulieu est un proche du patron actuel de la SQ, Mario Laprise. Ils possèdent ensemble un chalet. «Ce lien n'est pas apparu comme une contre-indication, puisque l'objectif était de nommer les personnes les plus compétentes, et M. Beaulieu, par son expérience, a une connaissance fine de l'utilisation de ce fonds spécial et des conditions l'entourant. C'est apparu, au ministère, comme étant le critère à retenir.»

Fonds spécial

L'enquête est terminée. On s'attend à ce que des accusations soient déposées. Trois anciens hauts gradés de la SQ étaient ciblés : l'ancien directeur général Richard Deschênes, son adjoint aux enquêtes criminelles Jean Audette, et l'officier à la retraite Steven Chabot.

On les soupçonnait d'abus de confiance, une infraction criminelle, en raison de leur utilisation du fonds spécial. Ce fonds, doté d'une enveloppe annuelle de 26 millions, sert aux fins d'opérations spéciales, comme payer des délateurs. Une partie avait été utilisée pour payer une indemnité de départ à M. Chabot.

Pour enquêter sur le fonds spécial, il fallait nommer une des rares personnes qui en connaissait le fonctionnement. D'où le choix de M. Beaulieu. «C'est la compétence» qui était le premier critère de sélection, dit le ministre Bergeron.

Et même si M. Beaulieu est un proche de M. Laprise, ce dernier n'est pas visé par l'enquête. C'est plutôt son prédécesseur. Il n'y aurait donc pas de conflit d'intérêts à cet égard.

Enfin, le choix a été fait par le sous-ministre pour dépolitiser le processus, rapporte M. Bergeron. Il soutient donc qu'il n'a «pas de raison de douter» du choix des membres du comité.

Enfin, ajoute le ministre, le rapport d'enquête a été remis au Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui l'évaluera de façon indépendante avant de décider si des accusations seront déposées.