L'ex-ministre libérale Nathalie Normandeau quitte Raymond Chabot Grant Thornton. « Cette décision fut convenue d'un commun accord », a annoncé la firme par voie de communiqué, vendredi.

Nathalie Normandeau a fait la manchette au cours des dernières semaines. Dans des documents de l'escouade Marteau ayant mené à des perquisitions au quartier général du Parti libéral du Québec en juillet, on a appris que les policiers ciblent une activité de financement de Mme Normandeau. En octobre, le Directeur général des élections (DGE) a émis des constats d'infraction pour financement illégal dans le cadre de la même activité, qui remonte à 2008.

Nathalie Normandeau était vice-présidente développement stratégique chez Raymond Chabot Grant Thornton depuis mai 2012. « Je profiterai de ce moment d'arrêt pour me permettre un temps de réflexion afin de me donner le recul nécessaire pour faire le point sur ma carrière professionnelle. Mes objectifs : explorer de nouveaux secteurs d'activités et acquérir des compétences supplémentaires », affirme-t-elle dans le communiqué. Raymond Chabot Grant Thornton « la remercie et lui souhaite le meilleur succès dans la poursuite de sa carrière ».

Dans la «dénonciation en vue d'obtenir un mandat de perquisition» au PLQ obtenue par La Presse début novembre, un enquêteur écrit qu'il a «des motifs raisonnables de croire» que trois infractions au Code criminel ont été commises lors d'une activité de financement de Mme Normandeau: «fraude», «entrepreneur qui souscrit à une caisse électorale» et «faux».

L'activité en question s'est déroulée le 9 octobre 2008 au restaurant Louis-Hébert à Québec. Une activité évoquée par Lino Zambito devant la commission Charbonneau. Le témoin avait affirmé que Bruno Lortie, alors chef de cabinet de Nathalie Normandeau, organisait certaines activités de financement et lui fixait des objectifs.

Malgré le caviardage important, on constate que les policiers n'ont pu retrouver des documents recherchés, dont des «factures», dans le cadre de leur enquête. L'enquêteur parle aussi de «destruction», de «divergence», de «manipulation». Pour ces motifs, il demande au juge l'autorisation de se rendre au siège du PLQ pour obtenir:

- «La facturation inhérente à la tenue de cette activité de financement»

- La preuve de paiement

- La liste des invités et des personnes présentes

- Le rapport d'activité et des fiches de contribution remplies par les participants

- Tout autre document pouvant servir à l'enquête.

Début octobre, Nathalie Normandeau s'était dite «injustement traînée dans la boue» dans le communiqué du DGE qui annonçait le dépôt de cinq constats d'infraction pour du financement illégal et l'utilisation de prête-noms lors de cette soirée.