La Coalition avenir Québec (CAQ) tend la main au gouvernement péquiste pour trouver un compromis et faire adopter la charte des «valeurs de laïcité».

«On est prêt à regarder la possibilité d'élargir (l'interdiction des signes religieux ostentatoires) dans le domaine de l'éducation», a dit le chef de la CAQ, François Legault.

La CAQ propose déjà de les interdire aux employés de l'État qui exercent une autorité coercitive (juges, policiers, gardiens de prison, procureurs de la Couronne) ou une autorité morale (directeurs d'école et enseignants au primaire et secondaire).

Le gouvernement péquiste veut étendre cette interdiction à tous les employés de l'État, incluant le personnel des centres de la petite enfance (CPE), des cégeps ou des universités.

La CAQ voudrait-elle interdire les signes dans les CPE ? Les cégeps et universités ? M. Legault ne veut pas le dire. Avant de se compromettre davantage, il demande au gouvernement péquiste de prouver sa bonne foi et sa volonté de conclure une entente. Mais le chef caquiste n'est pas optimiste. «Ils ont durci leur position. On a de bonnes raisons de penser qu'ils agissent par électoralisme», accuse-t-il. 

Le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, s'est «réjoui» de cette «ouverture». Mais il serait trop tôt pour faire de tels compromis, soutient-il. Le ministre veut d'abord entendre les groupes lors de la commission parlementaire, qui commencera le 14 janvier. «Il va arriver un moment en commission parlementaire où on pourra discuter avec les autres partis politiques, en particulier avec la CAQ, mais il faut le faire au bon moment.»

S'il y a des compromis, ils se feront à l'étude article par article, dit-il. Or, cette étape pourrait ne jamais être franchie. Elle pourrait venir après le prochain budget au printemps, où l'opposition pourrait renverser le gouvernement péquiste minoritaire et déclencher des élections. Aussi, le Parti libéral a déjà promis d'utiliser tout son temps de parole pour ralentir l'étude du projet de loi sur la charte. On pourrait ne jamais se rendre à l'étape du vote sur le principe, nécessaire avant de passer à l'étude détaillée puis au vote final.

Des caquistes cheminent

La position de la CAQ provient elle-même d'un compromis à l'intérieur de sa formation, reconnaît son chef. Comme d'autres anciens adéquistes, Sylvie Roy a déjà été en faveur de l'interdiction proposée par le gouvernement péquiste. Mais elle dit avoir eu son «chemin de Damas» récemment lors d'un voyage en Tunisie pour le mariage de son attachée politique. Elle a vu que «sa mère porte le voile, et que son père n'est pas d'accord». Elle compare le voile à un «épouvantail» qui détourne l'attention du réel problème selon elle, l'islamisme.    Le débat sur la charte des valeurs se transformerait en «procès de la religion musulmane».