David Heurtel s'est senti si interpellé par le débat sur le projet de charte des valeurs qu'il a décidé au cours des derniers jours de se porter candidat libéral à l'élection complémentaire dans la circonscription de Viau, à Montréal.

L'ancien président et chef de la direction de la Régie des installations olympiques (RIO) a été invité à expliquer sa décision de se lancer en politique active lors de l'annonce de sa candidature, qui s'est déroulée vendredi matin dans son local électoral.

Le ministre responsable du Tourisme, Pascal Bérubé, a vertement critiqué en début de semaine la façon dont M. Heurtel a communiqué sa démission - par courriel, a relaté le ministre péquiste - et a déclaré que si la rumeur envoyant ce dernier chez les libéraux s'avérait, il aurait «des choses à dire».

Ladite rumeur s'est finalement avérée.

Le ministre Bérubé n'a pas donné suite à la demande d'entrevue de La Presse Canadienne, vendredi, mais David Heurtel n'a pu éviter de revenir sur les circonstances de son départ, ce qu'il a fait avec un brin de sarcasme.

«Ça ne semblait pas être un problème lorsqu'ils voulaient vérifier si j'étais intéressé à être candidat pour le Parti québécois», a ironisé M. Heurtel, qui a affirmé avoir été courtisé par des formations politiques municipales, fédérales et provinciales.

«Il faut bien clarifier les choses, là. Je n'ai pas envoyé un petit courriel comme ça, comme un garçon de 16 ans qui envoie ça à une ex-copine. J'ai rédigé une lettre en bonne et due forme adressée à la présidente du conseil d'administration du Parc olympique avec copie conforme au ministre responsable», a-t-il poursuivi.

David Heurtel, un ancien conseiller politique de Bernard Landry, a également dû expliquer comment il est passé de souverainiste convaincu à fédéraliste.

Il a préféré parler d'une «évolution» que d'une volte-face

«Aujourd'hui, j'en suis à un point où mes valeurs, mes opinions, rejoignent celles du Parti libéral du Québec», a-t-il déclaré, insistant sur le fait qu'il s'était senti «profondément interpellé» par les débats entourant le projet de charte mis de l'avant par le gouvernement Marois.

«J'ai toujours voulu servir. Ça, ce n'est pas un secret. J'ai toujours dit que la politique active m'intéressait», a-t-il complété.

M. Heurtel se présente dans un château fort libéral laissé vacant par Emmanuel Dubourg, lequel a quitté son poste pour se présenter dans la circonscription fédérale de Bourassa.

Des élections complémentaires auront lieu le 9 décembre dans la circonscription de Viau et dans celle d'Outremont, autre fief libéral où Philippe Couillard est candidat.

Ce dernier, qui assistait à l'annonce officielle de la candidature de M. Heurtel, a laissé entendre que la victoire était acquise dans les deux cas et soutenu que cela était de bon augure en prévision d'un éventuel scrutin provincial.

«On fera ensemble notre entrée à l'Assemblée nationale du Québec», a lancé M. Couillard.

Il s'agira du «premier pas» d'une démarche qui permettra au Québec de retrouver le chemin «de la prospérité, de la justice et de l'inclusion» - une voie qui passe par l'élection «d'un gouvernement libéral majoritaire», a-t-il poursuivi.

Le PQ et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont confirmé qu'ils n'opposeraient pas de candidats à Philippe Couillard dans Outremont, circonscription laissée vacante à la suite de la démission de Raymond Bachand. L'ancien ministre des Finances a quitté la vie politique après avoir encaissé la défaite dans la course à la direction du PLQ.

Édith Laperle, conseillère syndicale, se présentera cependant pour Québec solidaire (QS) pour une seconde fois dans Outremont.

David Heurtel, de son côté, se frottera à au moins quatre adversaires dans la circonscription de Viau.

On savait depuis plusieurs semaines que Patrick Bourgeois ferait campagne pour la formation Option nationale, mais vendredi, la CAQ et le PQ ont confirmé les candidatures de celles qui défendront leurs couleurs.

Alors que l'avocate Jamilla Leboeuf se présentera pour la formation de François Legault, Tania Longpré, une enseignante en francisation, sera candidate pour le PQ. L'annonce officielle de sa candidature aura lieu samedi.

Du côté de QS, le mandat a été confié pour une seconde fois à l'orthopédagogue Geneviève Fortier-Moreau.

Les libéraux ont la mainmise depuis des décennies dans les deux circonscriptions.

Dans Viau, il faut remonter à l'élection de 1976 pour trouver un vainqueur péquiste - Charles-A Lefebvre, en l'occurrence.