Pauline Marois nie fermement avoir discuté de l'entreprise de son conjoint, Claude Blanchet, lors de rencontres privées avec le président du conseil d'administration du Fonds de solidarité de la FTQ, Michel Arsenault, en octobre 2008 et en février 2009, alors qu'elle était chef de l'opposition.

«Je ne parle jamais des affaires de mon mari avec qui que ce soit - il est assez grand pour défendre ses affaires lui-même», a déclaré Mme Marois, lundi, lors d'un point de presse à Montréal.

La première ministre était interrogée à ce sujet au lendemain d'un reportage faisant état de ces rencontres, survenues au moment où M. Arsenault faisait l'objet d'une filature policière.

Le reportage ajoutait que la première rencontre était survenue après que le Fonds de solidarité eut accordé une aide financière à Capital BLF, une entreprise dirigée par M. Blanchet et où travaillent le frère et le fils de Mme Marois.

Tous les actifs de M. Blanchet ont été placés dans une fiducie sans droit de regard lorsque Mme Marois est devenue première ministre, sauf ceux de Capital BLF, dont il a quitté la direction tout en demeurant président du conseil d'administration.

«Tous les actifs de mon mari sont effectivement en fiducie, sauf ceux de BLF, et celui-ci a demandé un avis au commissaire à la déontologie et à l'éthique qui lui a fait un avis positif. Et s'il n'a pas agi en ce sens-là, c'était une nouvelle entreprise qui avait besoin d'un peu d'expérience, mais quand viendra le temps venu, il procédera, comme pour le reste», a déclaré Mme Marois, laissant ainsi entendre que l'implication de son mari dans la société était temporaire.

Quant aux rencontres privées avec Michel Arsenault, Mme Marois a indiqué n'avoir rien à se reprocher. «Nous avons discuté de choses qui concernaient les réalités politiques du Québec et je crois que c'était raisonnable. Cela m'arrive parfois de rencontrer des gens sans avoir de gens autour de moi.»

La première ministre a d'ailleurs précisé que ce genre de rencontres, non seulement avec des dirigeants syndicaux mais aussi avec des gens d'affaires et des représentants des milieux communautaires, sont monnaie courante pour un dirigeant politique.

«Il faut continuer à se parler. Nous sommes une petite société en nombre, une grande société en termes de visions et de perspectives, mais c'est normal qu'on puisse se parler. C'est sain qu'on puisse le faire», a fait valoir Mme Marois.

«Il y a eu un tel climat de suspicion depuis quelques années - et on peut le comprendre avec tout ce qu'on entend à la commission Charbonneau. Mais on retrouve une certaine normalité, j'en suis persuadée. On est en train de nettoyer tout cela et il faut revenir à une normalité aussi, être capable de se parler.»

De son côté, Michel Arsenault a également dû aborder cette question en annonçant, dans les minutes suivantes, qu'il ne se représenterait pas à la présidence de la FTQ. Tout comme la première ministre, le leader syndical a parlé d'une rencontre qui s'inscrit dans le cours normal des choses.

«Nous sommes inscrits, la FTQ, au registre du lobby et le président de la FTQ rencontre tous les politiciens. Le seul politicien qui a refusé de me rencontrer en six ans, c'est Stephen Harper», a fait valoir M. Arsenault devant les journalistes.