La direction du Parti libéral du Québec a assuré hier qu'elle collaborait «avec toutes les autorités chargées de surveiller et d'enquêter sur l'application effective de la Loi électorale et des autres lois en vigueur».

«Au nom des 53 000 membres de notre formation politique qui s'impliquent dans toutes les régions pour faire avancer le Québec, nous voulons que la lumière soit faite», a affirmé la directrice des communications du parti dans un communiqué, rappelant que c'est un gouvernement libéral qui a constitué l'UPAC.

Au terme des enquêtes en cours, «s'il est démontré que des individus ont commis des gestes qui ne respectent pas les lois, ces personnes devront en subir les conséquences et répondre de leurs actes», poursuit le PLQ.

Pour l'ex-policier de la Sûreté du Québec devenu député libéral Robert Poëti, «s'il y a un policier qui s'est fait dire de ne pas faire ça, dans le cadre d'une enquête criminelle, je l'invite à aller voir le patron de l'UPAC, [Robert] Lafrenière, en qui nous avons une totale confiance».

En deux décennies à la SQ, M. Poëti affirme ne jamais avoir vu de cas où une enquête criminelle avait été suspendue pour des raisons politiques. On parle toujours d'un même événement, signale-t-il: un cocktail-bénéfice où la ministre Nathalie Normandeau se trouvait, au Louis-Hébert, à Québec, à l'automne 2008, et où 11 autres personnes étaient présentes.

Le ministre de la Justice, Me Bertrand St-Arnaud, s'est refusé à tout commentaire.

Couillard interpellé

Stéphane LeBouyonnec, de la Coalition avenir Québec, a demandé au chef libéral, Philippe Couillard, de rendre des comptes. «On ne peut présumer une intervention politique, c'est trop grave. Mais il y a un doute, et c'est M. Couillard qui doit s'expliquer. Il est chef du PLQ et doit assumer le passif comme l'actif.»

«J'ai de la misère à croire que M. Couillard n'était pas au courant. Il était là, durant la campagne, au financement. Qu'il nous dise ce qu'il sait», a pour sa part dit Amir Khadir de Québec solidaire.

Des preuves détruites?

Dans le cadre du «Projet Lierre», les enquêteurs de l'UPAC ciblent notamment une activité de financement de Nathalie Normandeau.

Dans la «dénonciation en vue d'obtenir un mandat de perquisition» obtenue par La Presse, l'enquêteur de la Sûreté du Québec écrit qu'il a «des motifs raisonnables de croire» que trois infractions au Code criminel ont été commises: «fraude», «entrepreneur qui souscrit à une caisse électorale» et «faux».

L'activité en question s'est déroulée le 9 octobre 2008 au restaurant Louis-Hébert à Québec. Une activité évoquée par Lino Zambito devant la commission Charbonneau. Le témoin avait affirmé que Bruno Lortie, alors chef de cabinet de Nathalie Normandeau, organisait certaines activités de financement et lui fixait des objectifs. Celui-ci aurait déjà été longuement rencontré par les enquêteurs, a appris La Presse.

Malgré le caviardage important, on constate que les policiers n'ont pu retrouver des documents recherchés, dont des «factures», dans le cadre de leur enquête. L'enquêteur parle aussi de «destruction», de «divergence», de «manipulation». Pour ces motifs, il demande au juge l'autorisation de se rendre au siège du PLQ pour obtenir:

> «La facturation inhérente à la tenue de cette activité de financement»

> La preuve de paiement

> La liste des invités et des personnes présentes

> Le rapport d'activité et des fiches de contribution remplies par les participants

> Tout autre document pouvant servir à l'enquête.

Début octobre, Nathalie Normandeau et le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) avaient croisé le fer au sujet de cette activité.

L'ex-ministre libérale s'était dite «injustement traînée dans la boue» dans le communiqué du DGEQ qui annonçait le dépôt de cinq constats d'infraction pour du financement illégal et l'utilisation de prête-noms lors de cette soirée.

- par Fabrice de Pierrebourg, La Presse

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