Le Parti libéral du Québec (PLQ) risque de «perdre des amis» en adoptant un code d'éthique et de déontologie, reconnaît son président, Saul Polo. «Il va falloir nous tenir droits», a-t-il lancé aux délégués réunis au conseil général du PLQ samedi.

Contrairement à ce que disait Philippe Couillard au cours des derniers jours, le PLQ n'a pas dévoilé et entériné un code d'éthique et de déontologie. Les délégués ont plutôt adopté, par une très forte majorité, les « principes qui sous-tendent » ce code. Il faudra attendre le congrès des membres de février pour en connaître tous les détails et les mesures précises.

Le PLQ retarde la présentation de ce code en raison de « questionnements » des députés et des membres du comité de direction au sujet de certaines mesures, a reconnu le responsable du dossier, le député et ex-policier Robert Poëti.

« Autant au niveau du caucus qu'au niveau de l'exécutif, on a eu des consultations, on a eu de discussions. Quand tout le monde est du même avis, c'est que personne n'a réfléchi beaucoup. Alors des gens ont soulevé des questionnements, des situations, on les a écoutés », a-t-il expliqué aux journalistes. Mais selon lui, avec les grands principes adoptés par les militants, « on a des hauts standards » éthiques qui seront mis en application dès maintenant.

Il a ajouté que le code doit être adopté à l'occasion d'un congrès pour être enchâssé dans la constitution du parti, une précision que M. Couillard n'avait jamais faite. Il a indiqué que le PLQ sera le premier parti québécois à se doter d'un code d'éthique.

Dans son allocution d'ouverture, Saul Polo a prévenu les délégués que des collègues pourraient être forcés de quitter le navire avec l'adoption du code. «Je suis conscient qu'il se peut qu'en cours de chemin nous perdions des amis. Mais mes chers amis, il va falloir nous tenir droits, il va falloir marcher droitement», a-t-il dit.

Plus tard, Saul Polo a expliqué aux journalistes que l'expression « perdre des amis » était une « figure de style ». « Ce que je voulais dire, c'est que moi je n'en connais pas personnellement (des gens malhonnêtes). On ne fera pas de compromis sur l'intégrité », a-t-il affirmé.

Le document adopté par les délégués libéraux évoque des règles pour prévenir les situations de conflit d'intérêts. Une personne devra «déclarer rapidement tout intérêt direct et indirect dans un organisme ou une entreprise» et éviter d'utiliser son statut au sein du parti «afin de se procurer un avantage, quel qu'il soit, à son profit ou à celui de toute personne avec laquelle elle a des liens».

Le PLQ prévoit également des «restrictions à la sollicitation ou à l'acceptation de cadeaux ou de faveurs afin d'éviter toute situation susceptible d'influencer le jugement de cette personne dans l'exercice de ses fonctions».

Le document confirme la création éventuelle d'un comité d'éthique «composé de personnes reconnues pour leur impartialité et leur intégrité» et chargé d'appliquer le code et de traiter les plaintes. Il aurait un pouvoir de recommandation seulement. On parle de «sanctions» contre les fautifs, mais celles-ci ne sont pas précisées.

Le code toucherait les députés, les candidats, les officiers du PLQ et les bénévoles «ayant un poste au sein d'une organisation électorale, d'une association de circonscription ou d'une instance permanente du parti».

«Choquant», dit Duchesne

Le projet de code d'éthique du PLQ est «choquant», tonne le ministre péquiste Pierre Duchesne.

«C'est quoi, la fidélité au parti et la dignité du parti? Parce que la fidélité, on la doit au peuple du Québec», a-t-il lancé au terme du conseil des ministres spécial à Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière.

«Regardez les quatre principes, a-t-il poursuivi. Le premier, c'est que le Parti libéral dit qu'il faut respecter les lois. On espère! Pendant neuf ans, ce parti a été au pouvoir et ç'a été une décennie perdue en matière d'intégrité et d'éthique. Pendant deux ans, ce parti a empêché la tenue d'une grande commission d'enquête, et on voit aujourd'hui les révélations continues.»

M. Duchesne rappelle qu'il existe déjà un code d'éthique et de déontologie pour les élus de l'Assemblée nationale. Et ce code a été adopté, soutient-il, pour deux raisons. «Parce que  pendant 10 ans, l'ancien premier ministre du Québec Jean Charest a caché un deuxième salaire de 75 000$, et (...) parce que le ministre de la Santé, Philippe Couillard, se négociait une job pendant qu'il était ministre.»

Il a aussi attaqué l'incapacité des libéraux à adopter un code avec des principes détaillés. «Il démontre une grande incapacité à agir.»