Philippe Couillard s'est inquiété des révélations faites hier par Le Soleil au sujet de La Première, émission spéciale sur Pauline Marois diffusée le 2 septembre à TVA.

Productions J, l'entreprise de Julie Snyder, a fait la postproduction du documentaire. La boîte a aussi «guidé» le réalisateur Yves Desgagnés pour sa demande de subvention.

À cinq jours du scrutin, lors des dernières élections, Mme Snyder était montée sur la scène du Métropolis pour appuyer publiquement Mme Marois. M. Desgagnés a pour sa part reçu des contrats à la fois du Parti québécois et du gouvernement péquiste pour des conseils en communication liés à Mme Marois. Tous deux ont demandé au gouvernement des fonds publics pour réaliser un documentaire sur la première ministre. Ils ont toutefois seulement bénéficié d'un crédit d'impôt, une mesure générale accordée sans égard au contenu.

Y avait-il néanmoins conflit d'intérêts dans le fait que M. Desgagnés, faiseur d'image de Mme Marois, et Productions J, entreprise appartenant à une partisane de Mme Marois, travaillent à une émission spéciale sur la première ministre? Et que cette émission soit présentée à une heure de grande écoute à TVA, dont le conseil d'administration est présidé par M. Péladeau, conjoint de Mme Snyder?

«Ce sont des questions très légitimes, estime M. Couillard. D'autant plus qu'il ne s'agissait pas vraiment d'un documentaire, mais plutôt d'un hommage. Ce qui est bien, Mme Marois étant une personne respectable à laquelle on peut rendre hommage, certainement. Mais disons que c'est assez particulier, la façon dont ç'a été fait.»

«Berlusconisation»

Amir Khadir, de Québec solidaire, y voit un «documentaire complaisant, laudatif». «Mais la proximité entre Québecor, M. Péladeau et le Parti québécois dépasse de loin largement cette histoire», ajoute-t-il. M. Khadir donne l'exemple du manifeste des Janettes en faveur de la Charte des valeurs québécoises. Il rappelle qu'à Tout le monde en parle, dimanche dernier, Janette Bertrand a indiqué qu'il s'agissait d'une initiative de Julie Snyder.

«Je suis obligé de croire Mme Bertrand, qui a dit que c'est à l'initiative de Mme Snyder que tout cela a été orchestré», a lancé le député de Québec solidaire. Il dit craindre une «berlusconisation» des médias, faisant allusion à l'ancien premier ministre italien et magnat des médias, Silvio Berlusconi.