Sortir le crucifix de l'Assemblée nationale, et abolir le droit de retrait envisagé pour les municipalités, universités et hôpitaux quant au port de signes religieux ostentatoires; le ministre Bernard Drainville envisage des changements à son projet de loi pour refléter les 26 305 commentaires reçus par courriel par le gouvernement.

En point de presse, mardi matin, M. Drainville s'est refusé à donner des précisions sur les changements qu'il compte apporter à son projet de loi sur la Charte des valeurs, qui sera déposé avant la fin de l'automne -il parlait de novembre jusqu'ici. «Je reste général, mais je suis assez clair», a-t-il ajouté après avoir souligné les critiques sur le crucifix et le droit de retrait.

Devant le tableau des remarques reçues par son ministère, provenant de 26 305 internautes, il a souligné que ce coup de sonde n'avait pas de valeur scientifique, mais qu'un tel échantillonnage était respectable. D'autant plus que généralement ce sont les gens mécontents qui s'expriment. Or, des courriels reçus par Québec, 47 % se disent favorable au projet de charte de façon générale, et 21 % y adhèrent aussi, tout en préconisant des modifications.

Les changements les plus souvent évoqués sont le retrait du crucifix de l'Assemblée nationale, souhaité par près de 3000 personnes, et l'opposition au droit de retrait renouvelable, une observation faite par 1400 citoyens. Près de 800 personnes voudraient qu'on retire aux élus le droit de porter des signes religieux, un segment que n'a pas relevé le ministre Drainville toutefois. 

Inversement, 18 % des courriels étaient défavorables au projet de Charte, plus de 4100 personnes. Cinq cents autres sont défavorables au projet, mais proposent des modifications. Encore là, le retrait du crucifix est souvent mentionné.

Pour le ministre Drainville, pas question de rendre publics ces courriels, dans certains les auteurs précisent leur parcours, et deviendraient identifiables. Les messages ne sont pas signés, mais le gouvernement demandait aux citoyens de fournir leur courriel. Pour Bernard Drainville cette opération prouve que «l'on est capable de se parler dans le respect au Québec».