Près de 25 000 personnes ont fait part de leur avis à propos de la Charte des valeurs sur la page web du gouvernement. Les principales objections concernent le crucifix et le droit de retrait, a affirmé le ministre Bernard Drainville, dimanche, au cours d'une activité de financement qui se tenait... dans une église.

En ce dimanche matin, plusieurs militants du Parti québécois s'étaient réunis à l'église Notre-Dame-de-la-Garde à Longueuil. Ils n'étaient pas venus pour écouter un ministre du culte, mais plutôt celui des Institutions démocratiques, Bernard Drainville. Le député, vêtu d'un jean, était de passage dans sa circonscription, dans ce lieu de culte reconverti en centre communautaire, afin d'expliquer les dispositions de la Charte.

Devant ses militants, le ministre a réitéré qu'il comptait déposer le projet de loi à l'automne. Il a toutefois refusé de s'engager à le faire avant les élections, puisqu'il assure ne pas être dans le secret des dieux quant à la date d'un éventuel scrutin.

Avant de déposer le projet, M. Drainville présentera publiquement sa synthèse des commentaires envoyés par les Québécois. Ces derniers avaient jusqu'au 1er octobre pour faire part de leur avis sur le site nosvaleurs.gouv.qc.ca. Selon le ministre, 25 000 commentaires ont été recueillis et plus de 160 000 visiteurs uniques ont consulté le site.

Si l'on en croit M. Drainville, ce ne sont pas les signes ostentatoires qui ont suscité le plus de réactions négatives, mais bien le maintien du crucifix à l'Assemblée nationale et le droit de se soustraire aux dispositions de la Charte, qui serait renouvelable tous les cinq ans. La Presse avait d'ailleurs appris il y a quelques jours que le gouvernement songeait à retirer ces deux dispositions.

Hier matin, M. Drainville n'a fait aucune annonce à ce sujet, mais a promis que les commentaires des Québécois ne tomberaient pas dans l'oreille d'un sourd.

«Tenez-vous debout et on va vous appuyer le 9 décembre», a lancé un militant en référence aux rumeurs d'un scrutin à cette date.

À la fin de cette rencontre, pas de quête en bonne et due forme, mais plutôt une invitation du ministre à contribuer à la caisse électorale. Il a aussi invité les gens à s'inscrire comme bénévoles pour le bureau de circonscription afin d'être «prêt à toute éventualité».

Peu de plaintes

Accusé d'avoir exacerbé les tensions avec son projet de charte des valeurs, le Parti québécois maintient que les incidents et dérapages liés aux croyances religieuses demeurent des actes isolés. La Commission des droits de la personne a confirmé à La Presse que cette tension ne s'est pas traduite en augmentation du nombre de plaintes dans les dernières semaines, auprès de l'organisme. La Commission précise les victimes hésitent, encore trop souvent, à porter plainte. La semaine dernière, la Commission a critiqué la Charte des valeurs qui selon elle compromet les libertés et les droits fondamentaux.