Le maire que choisiront les Montréalais le 3 novembre ne pourra prétendre que son opposition à la Charte des valeurs reflète la volonté de ses électeurs, affirme, le ministre responsable de la région de Montréal, Jean-François Lisée. Ce dernier suggère aux candidats de s'inspirer de Jean Drapeau et de se taire sur cette question délicate.

Marchant sur des oeufs, M. Lisée a relevé que deux des quatre candidats à la mairie, Denis Coderre et Mélanie Joly, avaient manifesté d'ores et déjà leur intention de contester la charte en cour s'ils étaient élus. Les quatre candidats avaient déjà indiqué qu'ils entendaient soustraire l'administration montréalaise de l'application de la Charte en ce qui touche le port de signes religieux «ostentatoires» par les employés.

Pour le ministre Lisée, «les électeurs de l'Ile de Montréal ne sont pas unanimes, le quart des anglophones, le tiers des allophones les deux tiers des francophones de l'Ile de Montréal sont favorables à plusieurs dispositions de la Charte. Le maire élu le 3 novembre ne pourra pas dire qu'il a un mandat des Montréalais, il n'y aura pas de choix, les électeurs pro-charte ne pourront se prononcer puisque tous les candidats sont opposés», a dit M. Lisée.

De la même manière, le ministre Lisée relève qu'à l'époque de l'adoption de la Charte de la langue française en 1977, sur une question aussi divisive, le maire de l'époque Jean Drapeau n'avait pris position ni publiquement ni privément à ce sujet, «il a considéré que c'était un débat important pour sa ville, mais comme il y avait une division et que c'était la responsabilité du gouvernement du Québec, il s'est abstenu d'entrer dans le débat»

«Un des grands maires de Montréal, dans une situation similaire, avait pris une autre attitude. Que les gens en tirent les conclusions qu'ils veulent! », a soutenu M. Lisée.