«Le Québec perd l'un de ses plus grands bâtisseurs» avec la mort de Paul Desmarais, a déclaré la première ministre Pauline Marois, mercredi. L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion rendant hommage à l'homme d'affaires. Les députés ont également observé une minute de silence, un geste plutôt rare.

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La motion, déposée par le Parti libéral conjointement avec le gouvernement, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire, stipule entre autres que «l'Assemblée nationale salue la contribution de M. Paul Desmarais au rayonnement de Montréal et du Québec ainsi que son implication sur le plan communautaire, artistique et philanthropique». L'Assemblée nationale «offre ses plus sincères condoléances aux membres de sa famille ainsi qu'à ses proches».

«Aujourd'hui, le Québec perd l'un de ses grands bâtisseurs, mais la mémoire de M. Desmarais est à jamais associée à l'une des plus belles réussites personnelles de notre époque autant qu'à l'oeuvre inspirante d'un grand philanthrope», a affirmé Pauline Marois au Salon bleu.

Elle a souligné le «parcours exceptionnel» de M. Desmarais. «Depuis ses débuts dans le domaine des transports jusqu'à Power Corporation, M. Desmarais aura laissé sa marque tant par sa vision ambitieuse que par un sens des affaires hors du commun. Sa réussite remarquable et ses nombreuses qualités ont fait de lui un homme d'affaires reconnu, éminemment respecté à travers la planète», a-t-elle dit. Elle a rappelé que la France lui a décerné le titre de Grand-Croix, «la distinction suprême de la Légion d'honneur».

«Homme d'une nature réservée, notamment avec les journalistes, M. Desmarais n'affectionnait pas particulièrement les projecteurs, a-t-elle dit. En revanche, il n'hésitait pas à épouser plusieurs causes», notamment dans le secteur de la culture. «C'était un grand mécène dont la générosité a marqué d'une manière indélébile le développement des arts au Québec», a soutenu la première ministre, rappelant les contributions de M. Desmarais à l'opéra de Montréal et au Musée des Beaux-Arts.

Elle a également souligné que M. Desmarais «aimait profondément Charlevoix  - la circonscription de Mme Marois - et que «les Charlevoisiens lui rendaient ce respect et cette affection».

De son côté, le chef parlementaire du PLQ, Jean-Marc Fournier, a fait valoir que Paul Desmarais «incarne comment on peut à la fois être fier francophone, fier Québécois et fier Canadien». «C'est un franco-Ontarien qui a fait le choix du Québec», a-t-il dit. L'homme d'affaires a joué un «rôle important» dans plusieurs secteurs comme les assurances, l'énergie, les services financiers et les médias. «Il a commencé avec un dollar pour devenir au fil des années un géant du monde des affaires», a affirmé M. Fournier. «Il est devenu un acteur majeur du monde des affaires à une époque où peu de Canadiens français s'illustraient dans la communauté d'affaires, sa contribution est importante.»

«Son legs», Power Corporation, propriétaire de La Presse, a son siège social à Montréal et «gère directement ou indirectement plus de 500 milliards». «L'histoire de Paul Desmarais est une histoire exceptionnelle de réussite et de promotion économique d'un francophone durant la Révolution tranquille, a-t-il ajouté. Il a réussi à développer une entreprise qui a permis la création de plus de 30 000 emplois.»

Selon lui, M. Desmarais est «un exemple de rayonnement du Québec à travers le monde». Il aura été «le premier à ouvrir les portes et construire des ponts avec la Chine».

«Un grand nom nous quitte. Un grand nom apparaît aujourd'hui dans le grand livre d'histoire du Québec, du Canada et du monde», a conclu M. Fournier.

Le chef caquiste François Legault a affirmé que M. Desmarais, «un homme de conviction, déterminé», a été une source d'inspiration pour lui. «Lorsque j'avais 15 ou 20 ans, j'ai lu la biographie de Paul Desmarais. J'ai vu comment on pouvait, même si on n'avait pas d'argent, démarrer une entreprise, ensuite structurer des transactions pour faire des acquisitions d'entreprises beaucoup plus grandes que ce qu'on possède. Ça a été pour moi un modèle que j'ai utilisé d'une certaine façon dans le développement de Transat», a-t-il dit. Il a ajouté que plusieurs entrepreneurs de Montréal utilisent les contacts que M. Desmarais a développés entre autres en Asie, car il a été «assez généreux pour les faire partager».

Les représentants de Québec Solidaire n'avaient pas pris la parole à l'Assemblée nationale dans le débat sur la motion pour le souvenir de Paul Desmarais, «uniquement parce que nous avions un point de presse au même moment», a expliqué Amir Khadir, offrant ses condoléances à la famille de l'homme d'affaires.

Pour le député de Mercier, «ce que nous souhaitons c'est que toutes les personnes qui occupent des situations d'influence en société comme M. Desmarais le fassent dans l'intérêt du bien commun et collectif, et on espère que ce sera le cas encore plus à l'avenir» a-t-il dit, ambigu.

Quand on lui a demandé si M. Desmarais avait contribué au bien collectif, M. Khadir a répliqué que «ce n'est pas aujourd'hui le temps de faire le bilan de ça. C'est aujourd'hui le temps pour la famille Desmarais de faire le deuil de leur père».