Nourriture de chat en fin de mois, biscuits soda pour souper un vendredi soir, logement contaminé par des champignons. Ces scènes de petite misère quotidienne, une quinzaine d'assistés sociaux sont venus les raconter à l'Assemblée nationale jeudi pour presser Québec d'augmenter les prestations de personnes seules.

«Comment s'imagine-t-on qu'on puisse subvenir à ses besoins essentiels avec 604 dollars par mois? (la prestation de base actuelle)», a lancé Amélie Châteauvert, porte-parole du Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ). Le groupe réclame qu'on porte cette allocation mensuelle à 918 dollars.

La ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, devait annoncer en mai dernier une «bonification» pour les quelque 85 000 assistés sociaux qui vivent seuls.  L'annonce a été reportée à cet automne. «Ça fait déjà plusieurs mois qu'elle nous fait attendre», déplore Mme Châteauvert.

Hausser les prestations à 918 dollars coûterait 800 millions par année à l'État. Mais c'est un «investissement» qui permettrait de faire des économies ailleurs, notamment dans le système de santé, plaide Mme Châteauvert.

La réforme Maltais

L'hiver dernier, Mme Maltais présentait sa réforme de l'aide sociale. On a coupé le supplément mensuel de 129 dollars à trois groupes ayant une «contrainte à l'emploi»: les 55-58 ans, les parents d'un jeune enfant et les toxicomanes traités dans un centre de désintoxication. Ils ne reçoivent donc que 604 dollars. Mais en contrepartie, on les a rendus admissibles à une allocation mensuelle de 196 dollars s'ils suivent un programme d'employabilité. C'est la meilleure façon de sortir de la pauvreté, dit Mme Maltais.

Mais sa réforme a été dénoncée entre autres par la Commission des droits de la personne et la Protectrice du citoyen.

À la suite de ces critiques, Mme Maltais avait déclaré qu'elle «n'échapperait personne». «S'il y a des propositions de choses qu'on peut mieux faire, je vais les accueillir», assurait-elle. En avril, elle était accompagnée par pas moins de 10 députés pour annoncer une «bonification progressive et importante» des prestations. Elle était prévue pour mai. Elle a été reportée à cet automne.

À son cabinet, on indique que l'annonce sera incluse dans un plan de solidarité qui impliquera différents ministères. Aucune somme n'a été donnée pour la bonification. On ajoute que la réforme a permis de rencontrer plusieurs assistés sociaux, dont certains qui étaient qualifiés à tort «d'aptes au travail», et pourront désormais toucher à des prestations supplémentaires.