Le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) Éric Caire a déclaré jeudi que son collègue Jacques Duchesneau ne s'excusera que si l'ex-ministre péquiste André Boisclair peut prouver qu'il s'approvisionnait légalement en cocaïne.

M. Caire a affirmé que M. Duchesneau a posé des questions légitimes en établissant un lien entre la consommation de cocaïne passée de M. Boisclair et l'octroi d'une subvention pour un projet auquel a été associée une entreprise qui aurait été infiltrée par le crime organisé.

Faisant référence à l'infiltration de LM Sauvé par les Hells Angels, M. Caire a établi les conditions auxquelles M. Duchesneau se rétracterait.

«Elles sont légitimes les questions, a-t-il dit. Moi je suis allé chez Métro hier et je n'ai pas vu de cocaïne sur les étalages alors j'imagine que si on veut s'en procurer il faut passer par les marchés illégaux, qu'on soit ministre ou qu'on soit junkie. Alors j'imagine que M. Boisclair, à moins qu'il y ait une filière de cocaïne légale quelque part, si c'est le cas, M. Duchesneau s'excusera, sinon que M. Boisclair nous dise où est-ce qu'il l'a pris sa cocaïne.»

Le député Duchesneau était invisible, jeudi, à l'entrée du caucus de l'aile parlementaire de la CAQ. Des porte-parole ont indiqué qu'il consultait ses avocats pour déterminer les suites à donner à la mise en demeure de M. Boisclair, reçue jeudi matin.

Mercredi, M. Boisclair a déclaré par communiqué qu'il poursuivra en diffamation M. Duchesneau s'il ne se rétracte pas sur ses propos.

Jeudi matin, le chef caquiste François Legault a affirmé qu'il rencontrera la presse après la période des questions du matin, à l'Assemblée nationale.

«On va poser des questions à Mme Marois et je vais vous parler après la période des questions», a-t-il dit aux journalistes.

La première ministre Pauline Marois a de son côté déclaré que le chef caquiste doit prendre position concernant les «graves» allégations avancées par son député.

«Je me demande si M. Legault cautionne les propos de M. Duchesneau, a-t-elle dit. Et je réitère que ce sont des accusations graves et que M. Duchesneau doit s'en expliquer et s'en excuser.»

Les députés caquistes présents au caucus ont soutenu que M. Duchesneau a posé des questions légitimes concernant l'octroi d'une subvention de 2,5 millions $ promise quatre jours avant l'élection d'avril 2003 pour un projet de rénovation auquel l'entreprise de construction d'un ami était associée.

Le député Stéphane Le Bouyonnec a observé que la sortie de M. Duchesneau cause une surprise, mais il s'en est remis à son jugement.

«Jacques Duchesneau dans notre caucus, c'est un poids lourd, alors à un moment donné c'est un joueur qui peut embarquer sur la glace et surprendre tout le monde, a-t-il dit. Moi je n'étais pas au courant de l'histoire et je me suis dit: «il y a quelque chose là'. Il ne serait pas sorti parler pour ne rien dire. Moi j'attends aussi de voir la suite des événements.»

M. Le Bouyonnec a cependant indiqué que M. Boisclair ne doit pas utiliser l'allusion à sa consommation de cocaïne pour éluder les questions sur sa promesse de subvention qui profitait à un ami.

«Peut-être que ça sert ses intérêts en ce moment, M. Boisclair, ce qu'a dit Jacques Duchesneau, a-t-il dit. Il joue les vierges offensées alors qu'il est mal placé pour le faire.»

PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

André Boisclair