L'ancien chef péquiste André Boisclair a mis Jacques Duchesneau en demeure de se rétracter; le député caquiste avait, dans une série de questions, laissé entendre que la présence d'un Hells Angels, Casper Ouimet, dans l'entreprise d'une bonne connaissance, n'était pas étrangère à sa consommation avouée de cocaïne, à l'époque où il était ministre.

«Ses récentes déclarations et l'association vicieuse qu'il effectue à mon égard sont hautement diffamatoires et préjudiciables à ma réputation. De plus, elles ont été faites avec l'intention évidente de me nuire», soutient le délégué général du Québec à New York, dans un communiqué paru en soirée.

Il nie catégoriquement les allégations hautement diffamatoires du député de St-Jérôme, Jacques Duchesneau.

Plus tôt mercredi, M. Duchesneau  avait fait un lien entre la proximité d'André Boisclair, Paul Sauvé, un entrepreneur, et l'un de ses employés, «Casper» Ouimet, un Hells Angels actuellement sous les verrous. Joint mardi, M. Boisclair s'est refusé à tout commentaire, à la demande de ses avocats. Sa mise en demeure exigera une rétractation complète sans quoi une poursuite en libelle diffamatoire suivra. Le député caquiste est sommé «de s'excuser, de se rétracter, d'admettre le préjudice immédiat causé à M. Boisclair, à défaut de quoi des procédures judiciaires seront entreprises contre M. Duchesneau et sa formation sans délai», prévient l'ancien chef péquiste.

Le financement accordé pour la mise en valeur de l'église Saintt-James, auquel la lettre mentionnée par M. Duchesneau réfère, n'est en rien illégal ou illégitime. M. Duchesneau avait laissé entendre que la subvention accordée à quelques jours des élections de 2003 était une faveur à Paul Sauvé, et pouvait avoir des liens avec son employé Ouimet.

M. Duchesneau avait brandi la lettre signée par M. Boisclair comme ministre des Affaires municipales. Pour l'ex-ministre, «cette aide offerte s'inscrivait dans la continuité d'une première phase de mise en valeur de l'église, amorcée en 2001, dans le cadre du programme d'infrastructure Québec-Municipalités».

Sur ses liens avec Paul Sauvé, son collègue au Collège Brébeuf, M. Boisclair insiste: «Je connais Paul Sauvé depuis des années. Il a participé à des activités de financement. À cet égard, à ma connaissance, le cadre juridique en vigueur a été scrupuleusement respecté.»

Dans son témoignage à la commission Charbonneau, l'entrepreneur Sauvé avait indiqué que son ami André Boisclair avait donné le feu vert à une subvention de 2,9 millions de dollars pour la rénovation de l'Église Saint-James à quelques jours du déclenchement des élections de 2003. Or à l'époque, M. Sauvé avait accueilli dans son entreprise M. Ouimet, issu du crime organisé. Son entreprise LM Sauvé manquait cruellement de financement.

Mercredi, en point de presse, M. Duchesneau, un ancien chef de police, avait d'abord demandé le rappel d'André Boisclair de New York, où il est délégué du Québec.

«Tant que la lumière ne sera pas faite, il n'a plus la légitimité pour occuper ce poste», avait lancé le caquiste.

Par la suite, l'ancien patron de l'Unité anticollusion a même fait un lien entre la consommation passée de cocaïne de M. Boisclair et la présence du Hells chez Sauvé. M. Boiclair a soutenu ne pas se souvenir d'avoir rencontré Ouimet.

«En 2005, M. Boisclair lui-même avouait qu'alors qu'il était ministre, il avait consommé de la cocaïne. La question qu'on se pose : M. Sauvé étant associé aux Hells Angels, et qu'on ait une subvention de 2,5 millions de dollars donnée... Est-ce que c'est venu influencer sa décision? Je ne sais pas», a avancé M. Duchesneau.

En 2005, M. Boisclair avait dit qu'il avait déjà consommé lorsqu'il était ministre, mais que sa dernière consommation de cocaïne remontait à «sept ou huit ans», dans une période difficile où il avait dû traverser le deuil de sa mère.