Le gouvernement péquiste croit que le directeur général des élections (DGEQ) devrait s'intéresser à la récente campagne de financement du Parti libéral auprès de la communauté juive, et déclencher si nécessaire une enquête.

La Coalition avenir Québec (CAQ) déposera quant à elle une motion à l'Assemblée nationale contre la «sollicitation de dons politiques dans les lieux de culte».

Dans le cadre d'une récente campagne de financement ciblée auprès de la communauté juive, le député libéral Pierre Marsan a fait un lien entre les dons au parti et l'attribution de places en garderie. M. Marsan, député libéral de Robert-Baldwin, dans l'ouest de Montréal, a notamment distribué plusieurs exemplaires d'une lettre à l'entrée de la salle de prières de la synagogue Or Shalom, à Dollard-des-Ormeaux, selon le quotidien 24 heures. On y lit ceci: «Quand le Parti libéral du Québec était au pouvoir dans le gouvernement, votre association a pu profiter de généreuses contributions et de permis de la garderie.»

M. Marsan s'est dit désolé hier de ce qu'il qualifie de malentendu. Il reconnaît que la formulation était maladroite, mais assure ne pas avoir cherché de retour d'ascenseur.

Le vice-premier ministre François Gendron ne voit pas les choses du même oeil. «C'est très, très incriminant», a-t-il réagi. «C'est clair qu'il faut fouiller cela», a-t-il ajouté. Qui doit examiner ce cas? «Ceux que ça concerne», a-t-il répondu, en référant indirectement au DGE.

Son collègue Pascal Bérubé, ministre du Tourisme et ancien directeur de la campagne de financement du Parti québécois (PQ), a été plus direct. «Le Directeur général des élections doit être attentif à cette affaire-là", a-t-il lancé.

«On a donné un permis contre quoi? Est-ce que c'était contre du financement? Ça s'ajoute au cas Tomassi», a ajouté M. Bérubé, faisant allusion à l'ancien ministre libéral de la Famille, qui fait face à des chefs d'accusation d'abus de confiance et de fraude pour une autre affaire. La gestion libérale de l'attribution de places en garderie a aussi déjà été sévèrement critiquée dans un rapport du vérificateur général.

«Il y en a combien d'autres cas, sur d'autres enjeux très précis, où on dit aux gens: tenez bon, le Parti libéral va revenir, et si vous nous financez, ça va aller encore plus vite?», s'est demandé M. Bérubé.

La lettre de M. Marsan a été distribuée dans au moins une autre synagogue. C'est «scandaleux et ignoble», a dénoncé le leader parlementaire de la CAQ, Gérard Deltell. Il dit n'avoir jamais vu un parti politique se rendre dans un lieu de culte pour demander de l'argent. «Même du temps de Jean Charest, on ne faisait pas ça», a tonné le caquiste. Dans la lettre, le PLQ demande aussi de l'aide pour s'opposer au projet péquiste de Charte des valeurs québécoises. «On va chercher ce qu'il y a de plus profond et de plus intime chez les gens, c'est-à-dire leurs croyances religieuses, et on les met au profit d'un parti politique qui prétend être laïque», dénonce M. Deltell.