Si le gouvernement péquiste met de côté son interdiction des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique, le Parti libéral (PLQ) appuierait les autres mesures de sa Charte des valeurs. Sinon, il menace de faire de l'obstruction pour paralyser son étude et empêcher son adoption.

«Sur la question des signes religieux, il n'y a pas de place au compromis. On va tout faire pour que ca n'arrive pas», a prévenu le chef du PLQ, Philippe Couillard.

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Il accepterait d'adopter un projet de loi qui ferait trois choses: demander que les services de l'État soient donnés et reçus à visage découvert, ce qui interdirait le voile intégral (niqab et burqa), mais pas le hidjab. Exiger que les demandes d'accommodements raisonnables respectent le principe de l'égalité homme-femme. Et ajouter la neutralité de l'État à la charte québécoise des droits et libertés.

M. Couillard accepterait de concilier cette neutralité avec le «patrimoine historique». Il maintiendrait par exemple le crucifix dans le salon bleu de l'Assemblée nationale. Un tel projet de loi pourrait être adopté avant Noël, croit-il. Il accepterait d'y «travailler rapidement» avec «l'objectif de le faire adopter». 

Couillard utilise la mémoire de René Lévesque

Mais pas question pour le PLQ de faire le moindre compromis sur le port de signes religieux ostentatoires. M. Couillard a multiplié les critiques très dures. Il a même recouru à la mémoire de l'ancien premier ministre péquiste René Lévesque pour attaquer le gouvernement actuel.

Selon le chef libéral, le gouvernement Marois a «créé de toutes pièces une pseudo crise». La «charte de la chicane», selon lui, «tourne le dos à l'héritage d'ouverture de René Lévesque».   

Le projet annoncé de Charte des valeurs québécoises, et particulièrement l'interdiction des signes religieux ostentatoires pour les employés de l'État, semble avoir été «écrite par des organisateurs électoraux» pour «toucher un nerf sensible» et gagner des «comtés chaud», accuse-t-il.   

«(Le gouvernement) voit peut-être dans cet enjeu sa bouée de sauvetage», ajoute-t-il. Ce serait même selon lui un «aveu de faiblesse» du gouvernement. «Les Québécois ne sont pas de cette école revancharde, apeurée, faible», lance-t-il.

Ne pas aimer la chicane

M. Couillard avance que «les Québécois de partout n'aiment pas la chicane». Même si un sondage commandé par le gouvernement démontre que la question des accommodements préoccupe encore la population, le chef libéral dit que «personne ne parle de ces questions». 

«Personne, personne ne me parle de cela (en région)», raconte-t-il.  Et à Montréal, aucun candidat à la mairie n'est en faveur, poursuit-il. Les municipalités de l'île préviennent qu'elles profiteraient du droit de retrait pour déroger à la charte.

Avant d'interdire le port de signes religieux et de limiter la liberté de religion, il faudrait prouver qu'on s'attaque à un problème réel. Or, selon M. Couillard, le ministre responsable de la charte des valeurs, Bernard Drainville, ne présenterait «aucune étude». «Ce qu'on entend, c'est des il paraît que