La démarche du gouvernement Marois pour enchâsser les valeurs québécoises communes dans la Charte québécoise des droits est «un geste courageux» estime l'ancien premier ministre Bernard Landry.

«Ce débat devait avoir lieu, l'ancien gouvernement ne l'avait pas fait, et le PQ le fait, comme il s'y était engagé» observe-t-il. Pour lui, «le Québec est multiethnique, pas multiculturel, les pays qui ont flirté avec le multiculturalisme le regrettent, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne. Le Québec s'est toujours opposé à cela, il se l'est fait imposer (par Ottawa). Qu'il réagisse, c'est une bonne chose, c'est de la franchise et c'est conforme à nos valeurs» résume M. Landry.

Il observe qu'en dépit des critiques sévères et nombreuses, «le gouvernement ne s'est pas globalement trompé» puisque la plupart de ses propositions, l'égalité homme femme et la neutralité de l'État, ont fait rapidement consensus. Sur la question plus délicate des signes religieux par les employés de la fonction publique et parapublique, «le gouvernement a fait preuve de souplesse» en prévoyant des dérogations, la possibilité pour les villes, les hôpitaux et les universités de se soustraire, temporairement, des effets de l'éventuelle loi. «Pour les droits, la géométrie variable est parfois nécessaire, dans les cas compliqués» explique-t-il.

Dans l'ensemble «tout cela devrait nous conduire à une situation améliorée. Il y avait des accommodements déraisonnables, des dérives. Là, au moins, il y aura des balises», dit M. Landry, convaincu que la population est généralement favorable à l'initiative du ministre Drainville. «L'opinion publique est favorable, on le voit dans les commentaires des citoyens. Que certains soient en désaccord c'est tout à fait normal».  Le gouvernement a aussi indiqué qu'il était prêt à modifier son projet à la lumière des commentaires reçus des citoyens, relève M. Landry.