Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) appuie le projet de charte des valeurs, y compris l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires chez ses membres.

Il réclame depuis 2007 que les signes religieux très apparents soient bannis dans les ministères et organismes. « On nous interdit de porter des signes qui pourraient faire valoir nos opinions politiques justement pour être neutres parce qu'on est des employés de l'État. Nous avons réclamé qu'on devrait avoir la même chose pour ce qui est des croyances religieuses. Ce n'est pas contraire aux chartes, et ça permet à tous les citoyens du Québec de faire affaire avec l'État et de ne pas se sentir mal à l'aise (...) Le citoyen n'a pas d'affaire à savoir quelle religion j'ai ou quelle opinion politique j'ai », a affirmé la présidente du SFPQ, Lucie Martineau, en conférence de presse mercredi.

Elle ignore quelle proportion de ses quelque 40 000 membres porte un signe religieux, mais elle dit avoir déjà rencontré des fonctionnaires portant le voile. Personne n'est venu « directement au syndicat » manifester son inquiétude face à une possible interdiction d'en porter sur les lieux de travail. « Et jamais personne n'est venu dire qu'il était contre les positions du syndicat », connues depuis 2007, a-t-elle souligné. Elle a indiqué que le sujet a fait l'objet de larges consultations à l'interne.

L'application de l'interdit n'entraînera pas un « chaos social » selon elle. Elle ne croit pas que des fonctionnaires seraient congédiés parce qu'ils portent un signe religieux ostentatoire. « Je n'ai vu aucun congédiement ou mesure de sanction à cause de l'interdiction de porter des objets à caractère politique. Alors j'imagine qu'il n'y aura pas non plus de congédiement (en ce qui concerne les signes religieux). Là-dessus, il va falloir que les gens se parlent », a-t-elle affirmé. Le ministre Bernard Drainville a expliqué mardi que les directions des ressources humaines seraient chargées de faire respecter l'interdit.

Lucie Martineau salue la décision d'enchâsser dans la Charte québécoise des droits des balises pour traiter des demandes d'accommodement religieux. Malgré la controverse entourant le sujet au cours des dernières années, elle n'a jamais vu de politiques ou de directives produites par les ministères pour guider les fonctionnaires dans le traitement des demandes.

« Chez les membres qu'on représente, il y a véritablement un malaise dans l'exercice du travail de fonctionnaire par rapport aux demandes d'accommodement religieux. Et les gestionnaires, face à des demandes comme celles-là, ne savent jamais trop comment fonctionner. La charte des valeurs est tout à fait bienvenue », a affirmé le vice-président Paul de Bellefeuille. Lucie Martineau a donné l'exemple de personnes qui, au comptoir de la SAAQ ou de la RAMQ, demandent à être servies par un homme plutôt qu'une femme. « On a vu également des choses comme des membres qui, dans le même milieu de travail, indiquent qu'ils doivent quitter (leur lieu de travail) parce pendant une période de l'année ils doivent arriver avant la noirceur (pour des raisons religieuses). On s'entend qu'au Québec, au mois de décembre, la noirceur, c'est de bonne heure. Et avec les autres employés, même s'ils ont des horaires variables, ça fait en sorte que ça crée des tensions », a-t-elle dit.

Lucie Martineau regrette toutefois que le gouvernement ne retire pas le crucifix du salon bleu de l'Assemblée nationale.