Le chef libéral Philippe Couillard demande à la première ministre Pauline Marois de s'excuser pour ses commentaires suggérant que le multiculturalisme est à l'origine de troubles sociaux et d'attentats en Grande-Bretagne.

M. Couillard affirme avoir été abasourdi lorsqu'il a lu les remarques de Mme Marois, faites lors d'une entrevue avec un journaliste, et les considère inacceptables pour un chef de gouvernement.

En entrevue avec le journal Le Devoir, Pauline Marois a affirmé que la politique du multiculturalisme britannique avait poussé les gens à se battre entre eux et à s'envoyer des bombes. L'entrevue, qui portait sur la charte des valeurs québécoises, a été publiée vendredi.

Bien que les détails de la charte ne sont pas encore connus, des éléments révélés aux médias suggèrent que les employés des services gouvernementaux ne pourront plus afficher de signes religieux, tels le hidjab, en travaillant.

En entrevue avec La Presse Canadienne, M. Couillard a affirmé qu'il a dû relire quelques fois les remarques de Mme Marois tant il était surpris.

M. Couillard, dont le parti supporte la laïcité de l'État mais pas le blocage des libertés religieuses, soutient que le Québec et le Canada ont toujours débattu sur l'application du multiculturalisme. Cependant, a-t-il ajouté, les propos de Mme Marois sont inadmissibles.

«De dire directement ou indirectement qu'il y a une association entre le multiculturalisme et la violence entre les groupes ethniques est inacceptable pour quelqu'un qui dirige un gouvernement et dont la mission principale est de rassembler les gens plutôt que de les diviser», a-t-il affirmé.

«Elle devrait soit rectifier les choses, soit les préciser, parce que ce n'est pas le genre de commentaire qu'on doit faire sur un sujet aussi sensible», a-t-il exposé.

La charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois remporte un appui populaire considérable, selon les sondages d'opinion. Néanmoins, elle provoque quelques critiques, même de la part d'observateurs normalement favorables à l'endroit du Parti québécois.

Dans une lettre ouverte, Raymond Gravel, un prêtre catholique et ancien député du Bloc québécois, a affirmé que l'idée d'une charte était «digne d'une dictature».