Le Parti libéral du Québec (PLQ) fait volte-face et ouvre la porte à l'idée d'interdire le port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique.

Jusqu'ici, le parti de Philippe Couillard s'est toujours farouchement opposé à cette mesure, qui sera inscrite dans la future charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois. Il est maintenant en train de revoir sa position.

« On est toujours en constante évolution parce que la société change », a plaidé le député Pierre Paradis mercredi, lors de sa première conférence de presse à titre de porte-parole en matière de finances, un poste que lui a attribué M. Couillard à la suite du départ de Raymond Bachand. Sa sortie visait à dresser un sombre bilan économique du gouvernement Marois.

Ses réponses au sujet de la charte des valeurs québécoises ont toutefois permis d'apprendre que le PLQ se repositionne dans le dossier de la laïcité. Il ne s'oppose plus formellement à l'interdiction du port de signes religieux chez les agents de l'État. Pierre Paradis n'a jamais voulu réitérer cette position du PLQ alors qu'il a été questionné à plusieurs reprises sur le sujet.

«Il y a un an, on est tombé dans l'opposition. Et dans l'opposition, c'est le moment privilégié pour reformuler tes politiques», a-t-il expliqué. Selon lui, le PLQ n'a pas encore adopté de position sur le port de signes religieux. «Les Québécois ont le droit de savoir de façon précise (la position du parti), mais ça fait partie de ce qui va être discuté au caucus, a-t-il dit. La position va être arrêtée par le parti lorsque les consultations seront terminées au parti.»

Y a-t-il une évolution dans la position du parti sur le port de signes religieux ? «Le Parti libéral est en constante évolution», a-t-il répondu.

«Dans le domaine des valeurs, il y a toujours de l'évolution. Il y a des principes de base qui transcendent les générations, les décennies et les siècles, mais il y a également de l'évolution dans l'application. Le problème qui se pose quand vous avez un quota d'immigration de 45 000 par année, il n'est pas le même après 10 ans» qu'il ne l'était dix ans auparavant. «Il n'est pas le même à Montréal qu'à Saint-Pascal-de-Kamouraska.»

Il a souligné que déterminer qui aurait le droit ou non de porter des signes religieux est une tâche difficile. La Commission Bouchard-Taylor, «qui a fait un travail sérieux» selon lui, recommandait d'interdire les signes religieux chez les juges, les procureurs de la Couronne, les agents correctionnels et les policiers. La Coalition avenir Québec croit que les enseignants et les directeurs d'écoles publiques primaires et secondaires doivent également être visés. De son côté, le gouvernement Marois veut étendre l'interdit à tous les employés des secteurs public (ministères et organismes) et parapublic (écoles, hôpitaux et CPE).

Le PLQ est en réflexion. «Quand vous définissez votre fonction et parapublique, est-ce que vous faites référence à l'autorité civile représentée par la magistrature, les corps policiers, par l'infirmier ou l'infirmière qui travaille en centre hospitalier, le travailleur communautaire de rue qui travaille avec des gens dans la rue ? Quand vous tombez dans ce genre de questions-là, dans ces détails-là, ça devient complexe. Nous, on dit que notre base, c'est le respect des droits et des libertés des individus. Ça fait partie du credo du Parti libéral. Après ça, on s'ajuste», a affirmé Pierre Paradis.

Rappelons que le gouvernement Charest avait rejeté la recommandation du rapport Bouchard-Taylor et avait déposé un projet de loi pour que les employés et les usagers des services publics aient «le visage découvert» dans la prestation des services, une façon de bannir le niqab et la burqa. Ce projet de loi n'a jamais été adopté.

Pierre Paradis a reproché au gouvernement de vouloir utiliser le thème de la laïcité pour faire diversion et cacher son bilan économique. Ce thème est «important mais pas prioritaire», a-t-il dit.

Québec doit présenter un document d'orientation en septembre et déposer un projet de loi sur une charte des valeurs québécoises plus tard cet automne.