Le chef libéral Philippe Couillard appuie l'abolition des primes de départ en cours de mandat et croit que son ex-député Emmanuel Dubourg devrait «réévaluer» sa décision, surtout s'il est élu sur la scène fédérale.

Au moment où des voix s'élèvent dans le clan libéral pour critiquer le choix de M. Dubourg, Philippe Couillard ajuste le tir dans ce dossier.

La décision de M. Dubourg de toucher sa prime de 100 000 $ «devra être réévaluée constamment, et c'est à lui de le faire», a affirmé le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) lors d'un point de presse, mercredi.

Prudent, Philippe Couillard a souligné qu'il n'a plus «d'autorité» sur M. Dubourg, qui a quitté son siège moins d'un an après son élection pour briguer l'investiture du Parti libéral du Canada dans Bourassa. Mais il a tout de même tenu à faire une suggestion. Il a laissé entendre que M. Dubourg devrait renoncer à sa prime s'il est élu sur la scène fédérale. «Quand sa situation va évoluer, est-ce qu'il sera élu un jour député, par exemple? Est-ce qu'à ce moment-là le fait de recevoir sa rémunération de député change la situation pour lui? Je pense que c'est une question légitime à lui poser. Je ne veux certainement pas répondre à sa place», a-t-il affirmé.

M. Dubourg devrait réévaluer sa position au fil des événements? «Toute position doit constamment être réévaluée, c'est la nature même des choses», a-t-il répondu. Le chef libéral n'est pas allée jusqu'à demander à M. Dubourg de renoncer sur-le-champ à sa prime. L'ex-éminence grise de Robert Bourassa, le sénateur indépendant Jean-Claude Rivest, estime quant à lui que M. Dubourg devrait abandonner une partie de l'indemnité.

«Je suis d'accord avec l'objectif» d'abolir les primes pour les députés qui démissionnent en cours de mandat, sauf pour des raisons de santé, a dit Philippe Couillard. «Les gens, je le comprends, trouvent frustrante la situation» actuelle, a-t-il ajouté.

Si son parti refuse d'adopter le projet de loi du gouvernement Marois prévoyant l'abolition des primes de départ selon certaines conditions, c'est parce qu'«il faut arrêter de faire en sorte que ce soit les députés eux-mêmes qui débattent et votent sur leurs conditions de travail». À la suggestion du PLQ, un comité indépendant a été créé pour évaluer la rémunération globale des élus. Sur les primes de départ, les membres du comité «vont certainement tenir compte de notre opinion, que je viens d'exprimer, de celle du gouvernement et de celle des citoyens», a-t-il ajouté. Pour lui, «c'est une réforme qui doit être faite» et «la façon la plus appropriée» d'y parvenir, «c'est de le faire par un comité indépendant».

«M. Dubourg a obtenu ce à quoi le système lui donne le droit d'obtenir en date d'aujourd'hui. Ce système-là de toute évidence va changer», a-t-il dit.

Philippe Couillard a souligné que des élus des trois principaux partis - Pauline Marois, François Legault et lui-même - ont touché une prime de départ dans le passé. C'est «injuste» de dire que le PLQ porte une responsabilité plus grande que les autres, a-t-il fait valoir.