Plus pressé qu'avant de se lancer dans la bataille électorale, le chef libéral Philippe Couillard attaque le Parti québécois (PQ) sur sa gauche et revendique l'étiquette progressiste.

Dans son discours de clôture du congrès de la Commission-Jeunesse de son parti, dimanche, M. Couillard a démontré le repositionnement un peu plus à gauche que l'on perçoit au Parti libéral, et qui se manifeste à la lecture des propositions adoptées.

«Le parti au Québec du véritable progressisme, c'est le nôtre, a-t-il plaidé devant plus de 300 jeunes militants. Il nous donne les moyens de notre solidarité. La justice sociale rendue possible par une économie forte, c'est la pierre d'assise de notre mouvement depuis sa fondation.»

Le gouvernement Marois ne peut en dire autant, selon lui. «Le Parti québécois au gouvernement n'est pas un parti de gauche. Le Parti québécois est un parti de gauche dans l'opposition», a-t-il soutenu en conférence de presse. «Le progressisme, on en est tous, c'est de la parole noble, de la tarte aux pommes. Mais le progressisme qui ne s'accompagne pas des moyens pour le soutenir, c'est du vent. La social-démocratie de pacotille, c'est ce qu'on peut dire de cette formation politique.»

Un parti «trompeur»

Il a d'ailleurs accusé le PQ d'avoir «trompé les Québécois» lors de la dernière campagne électorale. «Il y a un an, le Parti québécois promettait une nouvelle façon de gouverner. Il s'engageait à geler les tarifs d'Hydro-Québec, il les a augmentés. Il s'engageait à abolir la taxe santé, il l'a maintenue. Il s'engageait à augmenter les redevances minières de 400 millions, il a plutôt paralysé toute l'industrie et presque tué le Plan Nord», a-t-il affirmé.

Le chef libéral a multiplié les formules pour illustrer le fait que le développement économique, considéré comme le credo traditionnel du Parti libéral du Québec (PLQ), doit servir la justice sociale. «Le développement économique est l'instrument de notre solidarité. La prospérité, nous la voulons parce qu'elle permet de rendre notre société plus juste», a-t-il soutenu.

Philippe Couillard s'est montré plus pressé de se lancer dans la bataille électorale qu'il ne l'était avant la saison estivale. Sa «mèche électorale» a «raccourci». «Nous sommes à l'aube d'une élection. Les semaines et les mois qui vont suivre seront cruciaux», a-t-il lancé avant d'inviter les jeunes militants à mettre la main à la pâte pour préparer le parti au scrutin. Le PLQ vient d'ailleurs de commencer les assemblées d'investiture pour choisir ses candidats.

«On sera prêts»

En conférence de presse, M. Couillard a aligné des raisons qui militent pour un changement de gouvernement. «Ce que j'observe dans le décor en termes économiques m'inquiète pour le Québec», a-t-il affirmé, rappelant la perte de plus de 30 000 emplois en juillet. Et selon lui, «l'équilibre budgétaire est de plus en plus compromis» en raison des décisions du Parti québécois.

«Ce n'est pas un mystère de dire qu'il y aura une élection à bref ou moyen terme. C'est un gouvernement minoritaire, il y aura une élection. C'est notre devoir d'être prêts», a-t-il dit.

Au sujet de l'éventualité d'un scrutin automnal, M. Couillard a indiqué que son parti «n'ira pas activement déclencher une élection» à ce moment, «à moins qu'il y ait un enjeu extrêmement important et stratégique pour le Québec». Si la première ministre Pauline Marois décide de provoquer elle-même la tenue d'élections, comme Jean Charest l'a fait en 2008, «on sera prêts», a-t-il ajouté.

Lors de leur congrès, les jeunes libéraux ont adopté une série de propositions sur le thème de la justice sociale, dont celle visant à baisser les impôts des familles à revenus modestes, pénalisées par le régime fiscal actuel. La présidente de la Commission-Jeunesse, Madwa-Nika Cadet, reconnaissait jeudi dernier que la justice sociale n'avait pas été mise «à l'avant-plan» depuis longtemps, contrairement au développement économique.

L'idée de repousser l'heure de fermeture des bars à 5h30 a finalement été rejetée au terme d'un débat houleux. Faute de temps, la proposition sur la privatisation de la Société des alcools du Québec, soumise par des militants de la Montérégie, n'a pas fait l'objet d'un débat