Même s'il veut revenir à la charge cet automne avec des mesures qui augmenteront légèrement la facture d'hydroélectricité des québécois, le ministre des Finances Nicolas Marceau a tenu à rappeler mercredi que dans l'ensemble, le gouvernement péquiste propose en fait une baisse des tarifs.

Le gouvernement libéral avait budgété en 2011 une hausse des tarifs d'hydroélectricité de 20% sur cinq ans. La Coalition avenir Québec appuyait cette mesure. «Ça n'aura pas lieu grâce à nos choix», s'est félicité M. Marceau.

Le projet de loi 25, qui met en oeuvre des dispositions du dernier budget, sera bientôt adopté. Il annule cette hausse et la remplace par une indexation. Dans cinq ans, ce choix fera économiser 300 dollars par année à un ménage qui habite une maison de taille moyenne, explique-t-il. En campagne électorale, le Parti québécois parlait toutefois plutôt de geler le tarif.

Dans ce même projet de loi, le ministre a présenté vers la fin de l'étude trois amendements qui auraient fait augmenter d'une vingtaine de dollars la facture d'électricité annuelle pour une maison de taille moyenne. Il a dû les abandonner pour faire adopter son projet de loi.

Les mesures mises de côté pour l'instant: les contrats éoliens accordés de gré-à-gré, les dépenses à venir en infrastructures pour l'électrification des transports et la gestion des surplus d'énergie. Si l'opposition était contre ces amendements, c'était surtout parce qu'on les avait présentés à la dernière minute, sans laisser le temps de les étudier.

Près de la moitié des 800MW en énergie éolienne commandés ce printemps devaient être accordés de gré-à-gré. On voulait s'assurer d'octroyer les contrats à des communautés autochtones et gaspésiennes. Pour ce, il faudrait toutefois changer la loi. L'amendement modifiait la nature du projet de loi 25, et a donc été refusé par la commission parlementaire. Le gouvernement péquiste devrait revenir à la charge cet automne. L'éolien est produit à perte. Cette perte se répercuterait sur les tarifs aux contribuables. La facture annuelle pour une maison de taille moyenne augmenterait de 40 dollars. Les libéraux sont d'accord sur le principe de vendre cette énergie à perte afin de maintenir en vie l'industrie manufacturière éolienne.

«On voulait aller de l'avant avec la filière éolienne pour permettre à cette filière de continuer en Gaspésie en particulier, au Bas-Saint-Laurent et aux Iles-de-la-Madeleine, pour un montant largement inférieur à la hausse drastique prévue par l'ancien gouvernement», a commenté le ministre Marceau.

Les deux autres mesures auraient aussi un impact d'une vingtaine de dollars sur la facture annuelle des contribuables. Avec la politique d'électrification des transports, on demandait à Hydro-Québec de payer pour environ le cinquième des immobilisations en infrastructures. Pour une dépense en infrastructures d'un milliard de dollars, la facture annuelle d'une maison de taille moyenne augmenterait d'environ 20 dollars.  

On voulait en outre faire en sorte que Hydro-Québec Distribution (HQD) n'ait plus besoin d'acheter les surplus d'électricité à Hydro-Québec Production (HQP). Or, HQP n'est pas réglementée par la Régie de l'énergie. L'argent ne pourrait pas être utilisé par la Régie pour faire baisser la facture des consommateurs. Elle augmenterait plutôt le dividende versé à l'État. 

Dans son dernier budget, le gouvernement péquiste a diminué les pouvoirs de la Régie de l'énergie. Quand Hydro-Québec effectue un gain d'efficacité, l'économie doit servir à diminuer la facture des contribuables. La moitié de ces économies retourneront maintenant plutôt dans les coffres de l'État.