La ministre du Travail, Agnès Maltais, s'est défendue d'improviser, mardi, après avoir annoncé le report d'une bonification à l'aide sociale qui visait à atténuer l'effet de resserrements du programme.

En avril, Mme Maltais avait pourtant assuré qu'elle dévoilerait ce mois-ci les détails de cette contrepartie qui visait à apaiser la controverse soulevée par des modifications réglementaires à l'aide sociale.

La ministre avait promis une hausse de la prestation d'aide sociale pour les 85 000 personnes seules qui reçoivent actuellement le montant de base de 604 $ par mois.

En conférence de presse mardi, Mme Maltais a expliqué qu'elle reportait ces précisions à la prochaine rentrée parlementaire, en septembre, afin de mieux coordonner les efforts du gouvernement dans l'aide aux démunis.

Selon la ministre, plusieurs de ses collègues planchaient «chacun de leur côté» sur des mesures qui gagneront à être intégrées à une stratégie commune.

Mme Maltais n'a pas davantage été en mesure de chiffrer à combien les prestataires pourraient s'attendre avec cette bonification.

«Je vous dirais que ce qui est important pour moi, c'est qu'à la fin quand on va déposer ce plan d'action global à la rentrée, c'est là que vous allez voir qu'il n'y a pas d'improvisation et que c'est dans une stratégie cohérente et globale, a-t-elle dit. C'est là que ça va se voir, c'est là que ça va paraître.»

Mme Maltais a expliqué qu'elle avait réalisé «un peu avant (le 9 avril), un peu après, quelques heures» que d'autres ministres travaillaient eux aussi à des initiatives.

«Quand mes collègues ont vu la mesure et qu'on s'est bien expliqué la mesure qui s'en venait, ils ont voulu eux-mêmes, ils ont dit: «il faut qu'on travaille de façon cohérente. On veut s'associer, moi, je fais ça, moi, je fais ça'. Au fil du temps, au fil des discussions, on en a jasé ensemble, on en a jasé en caucus», a-t-elle dit.

Mme Maltais a maintenu mardi les modifications réglementaires proposées en février dernier, avec quelques aménagements déjà esquissés en avril, dont la bonification pour les personnes seules.

L'âge permettant d'être admissible à une allocation de 129 $ par mois pour contrainte temporaire à l'emploi passera de 55 ans à 58 ans, mais les personnes qui en bénéficient déjà conserveront ce droit acquis.

Cette même allocation ne pourra plus être perçue simultanément par deux parents qui doivent garder leur enfant d'âge préscolaire.

Les deux parents pourront cependant conserver la bonification de 129 $ si l'un des deux doit procurer des soins constants à un autre adulte, s'il présente un problème de santé ou s'il a à sa charge un enfant handicapé.

Québec limitera aussi les prestations pour l'hébergement dans un centre de services en toxicomanie.

Au cours des derniers mois, le règlement proposé l'hiver dernier avait soulevé la colère des groupes de défense des prestataires, de l'opposition, en plus de s'attirer les foudres du Protecteur du citoyen et de la Commission des droits de la personne.

Mme Maltais a relativisé mardi les compressions de 19 millions $ exigées par le Conseil du trésor à son ministère.

«Le fameux 19 millions $ vient très exactement du livre des crédits, qui est une somme qui est un peu aléatoire puisqu'il y a des chiffres qui sont mélangés», a-t-elle dit.

La ministre a cependant assuré que son objectif de réduction budgétaire serait atteint principalement par la diminution des dépenses administratives.

«La seule manière de baisser les crédits du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, c'est de sortir les gens de l'aide sociale, a-t-elle dit. Alors, la stratégie qu'on met en place actuellement, cette année, c'est pour sortir les gens de l'aide sociale. Ce n'est pas des gros chiffres, ce n'est pas de gros chiffres.»

La députée de Québec solidaire Françoise David a exprimé des doutes quant à la bonification promise par Mme Maltais, en raison de l'objectif de retour à l'équilibre budgétaire à la fin de l'année.

Lors d'un point de presse, Mme David a estimé qu'il faudrait bonifier de 100 $ la prestation de base de 604 $, sans quoi l'opération manquerait de sérieux.

«C'est 100 millions $ par année de plus à l'aide sociale, a-t-elle dit. Avec ce qu'on connaît de l'obsession gouvernementale à atteindre l'équilibre budgétaire d'ici maintenant moins d'un an, j'ai quelques doutes. Et je n'ai pas envie du tout qu'à la rentrée, après tout ce grand flafla, là, finalement, l'annonce, ça soit 20 $.»