Le «Plan Nord pour tous» du gouvernement péquiste reprend les investissements du Plan Nord libéral.

La première ministre s'est rendue mardi à Chibougamau pour annoncer des investissements publics de 868 millions de dollars en cinq ans dans les infrastructures, la formation professionnelle et les logements sociaux dans le Nord. Or, elle s'est beaucoup inspirée du dernier budget du gouvernement Charest. Le Plan Nord libéral, qui était fortement critiqué par l'opposition péquiste, proposait 889,9 millions. Soit 21 millions de plus. Et la différence s'explique surtout par les logements sociaux au Nunavik. Le gouvernement libéral prévoyait 300 unités, pour un coût total de 79 millions. Le gouvernement Marois en promet moins: 226 unités, à un coût de 61 millions.

«Ils ont fait un copier-coller (du budget Bachand), mais ils ont réussi à le manquer», a raillé le chef parlementaire libéral, Jean-Marc Fournier.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, s'inquiète surtout du manque d'investissements privés. «Elle en a annoncé zéro», a-t-il lancé.

Plusieurs ministres se sont déplacés mardi matin à Chibougamau pour accompagner Mme Marois. Ils y ont lancé le Secrétariat au développement nordique, l'organisme qui doit «établir les bases d'un nouveau cadre d'investissement» dans ce vaste territoire, et gérer aussi le développement social et le «respect de l'environnement». Il remplace ainsi la Société du Plan Nord des libéraux. C'est la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, qui pilotera l'organisme, qui aura aussi des bureaux à Sept-Iles et Baie-Comeau. La ministre explique que le Secrétariat, contrairement au plan libéral, doit se soumettre aux mêmes règles d'octroi de contrats que pour les ministères.

Mme Marois a assuré que son plan Nord pour tous se distinguait du plan libéral, car il va selon elle «davantage protéger l'environnement et associer les communautés». Mais en chambre, le libéral Geoffrey Kelley a cité une lettre du chef de l'Assemblée des Premières nations du Québec et Labrador, Ghislain Picard. «Je constate que nous sommes encore une fois les derniers informés», y déplore-t-il, au sujet de l'annonce faite mardi par le gouvernement péquiste. La première ministre a répondu qu'elle allait «convoquer une table avec les Premières Nations».

Les environnementalistes s'inquiètent quant à eux d'entendre Mme Marois ne promettre que 12% d'aires protégées dans l'ensemble du Québec. «C'est un recul», dit Nicolas Mainville de Greenpeace. Suzann Méthot de l'Initiative boréale canadienne rappelle que le précédent gouvernement promettait 20% d'aires protégées dans le Nord, et environ 17% pour l'ensemble du Québec. Mme Marois conserve toutefois la cible de protection de la moitié du territoire du Nord, avec des aires protégées ou sous d'autres formes. «Mais il n'y a pas de feuille de route», dit Christian Simard de Nature-Québec, qui aimerait voir un plan plus détaillé.

Le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, leur explique que «le gouvernement n'a absolument pas changé ses objectifs». «La différence majeure, c'est ceci: auparavant, 50% (de protection), c'était un slogan qui faisait partie d'un slogan. Moi, je vais y travailler de façon sérieuse.»

«Notre 50% à nous, ça va être des endroits pertinents, qui ont une valeur en termes de biodiversité, et non pas le 50% qui resterait hypothétiquement une fois qu'un certain nombre de soi-disant intérêts économiques auraient fait leurs choix», a-t-il ajouté.