Les nominations «stratégiques» dans la haute fonction publique et les sociétés d'État devraient être évaluées en commission parlementaire, propose la Coalition avenir Québec (CAQ), qui présentera mardi un projet de loi en ce sens. Le gouvernement a très peu de chances d'en faire l'étude.

Il faut que la «compétence soit le premier critère», et non la couleur politique, résume la présidente de la CAQ, Dominique Anglade. Les détails du projet de loi seront connus demain. Le caquiste Christian Dubé en a exposé avec elle les grandes lignes. Les gens nommés par le gouvernement à des postes stratégiques devraient répondre aux questions des élus membres de lacommission de l'administration publique. Pour éviter que l'exercice se transforme en inquisition comme c'est parfois le cas aux États-Unis, il se ferait à huis clos. Le rapport écrit serait toutefois public. La recommandation serait bien sûr consultative, et non exécutoire. «Mais si elle est défavorable et que le gouvernement l'ignore, il devra payer un prix politique», dit MmeAnglade.

Si le gouvernement est majoritaire, ses députés seront majoritaires aussi à la commission. Il serait donc très surprenant qu'ils contestent unedécision de leur formation. Le rapport leur donnerait raison, au moins en partie. Quant à l'opposition, qu'elle soit majoritaire ou minoritaire, serait-elle assez impartiale pour approuver les nominations de gens liés à un parti mais néanmoins compétents? Ne risque-t-on pas de simplement ajouter une nouvelle couche de partisanerie? «Il y aura toujours ce risque», reconnaît Mme Anglade. Mais au moins, on aura ajouté de la transparence.»

Son chef François Legault a lui-même déjà reconnu l'importance de nommer à des postes stratégiques des gens qui sont non seulement compétents, mais qui partagent aussi la vision du gouvernement. En campagne électorale, il annonçait d'ailleurs qu'un de ses premiers gestes après son élection serait de rencontrer les dirigeants d'Hydro-Québec et de la Caisse de dépôt et placement pour vérifier s'ils pourraient garder leur poste.

Le gouvernement Marois a mis sur pied en décembre un «comité de sages» pour examiner les nominations partisanes. L'annonce faisait suite à la controverse suscitée par la double nomination, finalement abandonnée, de l'ancien chef péquiste André Boisclair.

Le comité s'intéresse aux 10 dernières années du gouvernement libéral mais ne touche pas aux sociétés d'État. Il doit formuler des recommandations sur la rémunération et les conditions de travail, les allocations de fin de mandat, la sécurité d'emploi et le renouvellement prématuré d'un poste à la fin du mandat d'un gouvernement. Mais il ne porte pas sur le choix des candidats.

Depuis l'élection du gouvernement Marois, l'opposition a dénoncé les nominations de plusieurs anciens péquistes, comme Sylvain Simard à la présidence du conseil d'administration de la SAQ, Nicolas Girard à la tête de l'Agence métropolitaine de transport et Jean-Yves Duthel pour représenter Investissement Québec en Allemagne.