La nomination de l'ex-ministre péquiste Sylvain Simard à la présidence de la SAQ n'a «rien à voir avec sa couleur politique», assure le ministre des Finances Nicolas Marceau.

«Il s'agit probablement d'un des meilleurs gestionnaires publics qui étaient disponibles. Et le fait qu'il ait été député du Parti québécois, ça ne le disqualifie pas pour occuper cette fonction», a-t-il assuré.

Il sera président du conseil d'administration, et non PDG. Sa fonction lui permettra de gagner un salaire annuel de base de 18 000 dollars.

M. Simard a déjà été président du Conseil du trésor, et aussi de la Commission d'administration publique. «Il est parmi ceux qui ont fait en sorte qu'on a désormais des indicateurs de performance, de la gestion par résultats, des déclarations de services aux citoyens», a ajouté son ancien collègue.

Il s'agit d'une nomination partisane, croit Michel Nadeau directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques. «Et c'est bien», a-t-il expliqué à RDI.  Il rappelle que le président du conseil d'administration doit avoir l'oreille de son actionnaire, le gouvernement. Il fait la distinction entre le poste du président du conseil et de directeur-général. Si M. Simard, qui n'a pas d'expérience en commerce de détail, avait été nommé à ce poste bien payé, cela aurait été «inacceptable» selon lui.   

Et selon le ministre des Finances, M. Simard ne sera pas qu'un simple émissaire du gouvernement au sein de la SAQ. Au contraire, il s'agit d'un homme «réellement indépendant d'esprit», a-t-il rappelé. À titre, d'exemple, l'année dernière, l'ex-député de Richelieu était le seul péquiste qui refusait de porter le carré rouge.

Mais la Coalition avenir Québec se demande quelle était «l'urgence» de remplacer son prédécesseur Norman Hébert, dont le mandat ne finissait que dans un an. «À moins que le ministre des Finances nous dise qu'il y a une grave crise à la SAQ, cette décision nous apparaît précipitée et cultive le cynisme des Québécois, qui en ont assez des nominations partisanes», a affirmé le caquiste Christian Dubé.

Le gouvernement péquiste répond que M. Hébert, qui préside aussi le conseil d'administration de l'université Concordia, voulait lui-même mettre fin à son mandat pour se consacrer davantage à son entreprise.

Cela ne rassure pas la CAQ, qui se questionne sur le processus de sélection. Elle veut savoir combien de candidats ont été rencontrés ou pressentis, et en fonction de quels critères le choix final a été fait. Elle demande au gouvernement péquiste de révéler ce processus et les documents pertinents.

Les libéraux rappellent que la première ministre Pauline Marois avait pourtant mis sur pied un comité sur les nominations partisanes. Le rapport doit être déposé dans les prochaines semaines. Mais le comité ne s'intéresse pas aux nominations dans les sociétés d'État. «(Le comité), c'est juste de la poudre aux yeux, a raillé la libérale Lise Thériault. La recette, c'est bien simple. Ce n'est pas compliqué, c'est: un péquiste, une job, une job, un péquiste, jusqu'à épuisement des stocks.»

L'opposition rappelle qu'avant M. Simard, le gouvernement péquiste a nommé l'ancien chef du parti André Boisclair délégué général à New York, et l'ancien député Nicolas Girard à la tête de L'Agence métropolitaine de transport (AMT).