Le degré d'ouverture des Québécois par rapport à la diversité sexuelle sera mis à l'épreuve durant le mois de mars, grâce à deux publicités télévisées qui seront diffusées sur les principales chaînes francophones dans le cadre d'une campagne de sensibilisation pour lutter contre l'homophobie, lancée dimanche par le gouvernement du Québec.

«C'est avec une grande fierté et une certaine émotion que j'annonce aujourd'hui le lancement de cette campagne, qui est une première au Québec, au Canada et sur le continent nord-américain, a déclaré le ministre de la Justice Bertrand St-Arnaud en conférence de presse à Montréal dimanche. Même si beaucoup a été fait pour les droits des minorités sexuelles dans la province, il reste encore du travail à accomplir pour que l'égalité juridique acquise ces dernières années s'accompagne de l'égalité sociale.»

La campagne s'articule autour de deux publicités télévisées en français présentant deux couples homosexuels dans des scènes de la vie quotidienne. La première montre une femme dont la conjointe a organisé une fête d'anniversaire surprise alors que la deuxième met en scène un homme qui accueille son partenaire à son retour de voyage à l'aéroport. Dans les deux cas, le message ne révèle qu'à la toute fin l'homosexualité des protagonistes, jouant sur cette ambiguïté pour amener chacun à s'interroger sur sa propre ouverture concernant la diversité sexuelle.

«Nous avons choisi de ne pas centrer ces publicités sur des situations d'homophobie parce que nous croyons qu'une approche positive est plus efficace», a précisé M. St-Arnaud, qui est responsable de la lutte contre l'homophobie au sein du gouvernement, au sujet des deux annonces qui seront présentées dès dimanche soir. «C'est d'ailleurs l'essence du message que nous a communiqué les membres de la communauté LGBT: éviter la victimisation et adopter un ton positif.»

Un aspect de la campagne particulièrement apprécié des différents acteurs du milieu ayant assisté au dévoilement dimanche. «J'aime que les publicités sortent les gais de la chambre à coucher et les montrent dans un contexte social», a affirmé Jasmin Roy, qui milite contre la discrimination et l'intimidation à l'école par le biais de sa fondation éponyme. «Avoir une famille, des amis et des collègues de travail, participer à des activités collectives, c'est ça, être homosexuel.»

Selon le comédien et animateur, la société québécoise est déjà assez ouverte par rapport aux minorités sexuelles et la campagne, qui comprend aussi un message radio en anglais et un site Web bilingue, devrait donc recevoir un accueil plutôt favorable de la part du public. «C'est sûr qu'il va y avoir des malaises, mais cela fait souvent partie du processus d'adaptation à de nouvelles réalités», a-t-il indiqué.

Pour Laurent McCutcheon, président de Gai Écoute et militant de longue date pour les droits des minorités sexuelles, l'objectif de la campagne est de faire passer le Québec de la tolérance à l'acceptation. «La tolérance, c'est de l'indifférence et je crois que c'est le sentiment de la majorité des Québécois à l'égard de la communauté LGBT. Alors que, dans l'acceptation, il y a une notion de complicité, a-t-il expliqué. Les gens ne veulent pas que leur famille et leurs amis les tolèrent. Ils veulent être aimés, acceptés, inclus.»

La première phase de la campagne, qui s'inscrit dans le cadre du plan d'action de lutte contre l'homophobie adopté en 2011 par le gouvernement libéral de l'ancien premier ministre Jean Charest, se déroulera jusqu'au 31 mars. Un second volet qui mettra l'accent sur d'autres sujets liés à la diversité sexuelle, dont l'homoparentalité, devrait être lancé l'an prochain.