Le libéral Yves Bolduc s'offusque que le gouvernement péquiste se soit retiré d'un groupe de travail avec les provinces sur la santé, même s'il avait lui-même refusé l'année dernière d'en signer le rapport. «Je pense qu'il souffre d'amnésie», a lancé le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier.

Lundi, M. Cloutier annonçait que Québec se retirait d'un groupe de travail sur la santé, lancé en 2012, du Conseil de la fédération. Ces travaux cautionnaient selon lui une ingérence du fédéral. «La participation du gouvernement fédéral est désormais ouvertement souhaitée par certaines provinces... Nous pouvons vous signaler d'emblée que le Québec n'appuiera pas une telle collaboration du gouvernement fédéral ou de ses organismes aux travaux du Conseil de la fédération», écrivaient M. Cloutier et son collègue Réjean Hébert, ministre de la Santé, en janvier dans une lettre envoyée au président du Conseil de la fédération, le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard Robert Ghiz.

Mardi, l'ex-ministre libéral de la Santé, Yves Bolduc, a qualifié M. Cloutier «d'hypocrite». Le groupe de travail respectait l'autonomie des provinces, assurait-il. En se retirant, Québec perdait la possibilité de mieux connaître les meilleures pratiques des autres provinces et de s'en inspirer.

M. Cloutier s'est amusé de la critique. Il a ressorti une lettre envoyée par M. Bolduc en juillet dernier au Conseil de la fédération. Après avoir souligné «l'ampleur et la qualité» du travail du groupe, M. Bolduc affirmait néanmoins devoir s'en désolidariser. «Il m'est malheureusement impossible, à titre de ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, d'endosser le rapport tel que présenté», écrivait alors le ministre libéral. Il disait ne pas vouloir «être assujetti à des obligations qui pourraient lui être dictées de l'extérieur». Il ne voulait pas souscrire à une «approche pancanadienne».

Le comité recommandait par ailleurs que les provinces achètent des médicaments génériques au prix coûtant, soit moins que le prixpayé actuellement par Québec. M. Bolduc ne voulait pas se rallier à l'initiative, qui mériterait «une analyse beaucoup plus approfondie».

Au Parti libéral du Québec (PLQ), on refuse d'y voir une contradiction. Même si M. Bolduc ne voulait pas signer le rapport, il n'a pas quitté le groupe, ce qui est différent de l'attitude péquiste, souligne-t-on.

M. Cloutier rappelle toutefois que dans sa lettre, il précise qu'il appuiera «toute initiative qui pourrait correspondre aux intérêts du Québec». Par exemple, il siège encore au comité qui examine les transferts en santé.

Les autres provinces canadiennes ne se sont pas tropdésolées du retrait de Québec. La province était devenue «une distraction» à la table, a déjà affirmé le président du groupe, le premier ministre de la Saskatchewan Brad Wall.

Le PLQ s'inquiète pour les transferts fédéraux

Le chef intérimaire du PLQ, Jean-Marc Fournier, croit que gouvernement péquiste devrait s'occuper davantage du problème des transferts fédéraux. L'entente avec les provinces arrive à échéance à la fin de l'année. Ottawa veut changer la formule. Les transferts annuels seraient dorénavant indexés à 4% par année, et non 6% comme c'est le cas. Et les sommes allouées seraient calculées en fonction de la population de chaque province, et non de la population avec une pondération pour la richesse. Ces nouveaux calculs pourraient faire perdre 8 milliards de dollars sur 10 ans au Québec, dénonce M. Fournier. Il accuse Mme Marois de ne pas avoir suffisamment mis de pression sur le premier ministre Harper lors de leur rencontre vendredi dernier.

Le PLQ complétait aujourd'hui son caucus de présession à Lac-Beauport. Le parti a quatre autres priorités pour la rentrée parlementaire. La première: l'enseignement supérieur et la recherche. M. Fournier dénonce les compressions de 10 millions de dollars à la recherche et celles imposées aux universités. Il exhorte aussi le gouvernement à déposer rapidement une nouvelle loi sur les mines et une nouvelle loi sur les hydrocarbures, et à établir un nouveau pacte fiscal pour les municipalités. Le pacte actuel se terminera cette année. «Les municipalités préparent déjà leur budget pour l'année prochaine, alors ça presse. (...) C'est près de 800 millions de dollars par année», dit M. Fournier. Enfin, il veut que Québec donne rapidement suite au rapport sur les régimes de retraite que le comité d'Amours doit bientôt déposer.

M. Fournier annonce aussi qu'il se battra contre le projet de loi 14, qui doit renforcer la Charte de la langue française. Il s'oppose aux mesures coercitives. «Il faut partager le bonheur du français au lieu d'avoir un marteau pour l'imposer.»