Il existe une incompatibilité fondamentale entre la gouvernance souverainiste de Pauline Marois et la défense des intérêts du Québec au sein de la fédération canadienne, selon les partis d'opposition.

D'une seule voix, les députés libéraux et caquistes ont dénoncé, lundi, la décision de la première ministre Marois de confier au ministre Alexandre Cloutier la double responsabilité d'orchestrer la gouvernance souverainiste tout en menant à bien les relations entre le Québec, les autres provinces et le gouvernement fédéral.

Ces deux responsabilités sont contradictoires, selon le député libéral et ex-ministre des Affaires intergouvernementales, Pierre Moreau, et le député caquiste de La Peltrie, Éric Caire.

«Le ministre des Affaires intergouvernementales a le mandat de s'assurer du bon fonctionnement de la fédération et du Québec à l'intérieur de la fédération. J'imagine que le ministre de la gouvernance souverainiste a le mandat contraire. Vous ne pouvez pas faire loger ces deux mandats-là dans la même pièce, et encore moins dans la même personne», a plaidé M. Caire en point de presse.

Les échanges entre les députés de l'opposition et le ministre Cloutier avaient lieu dans le cadre de l'étude des crédits budgétaires de son ministère pour l'année en cours.

Les deux députés ont dit également craindre que le gouvernement Marois, sous prétexte d'implanter une gouvernance souverainiste, se serve des fonds publics pour promouvoir son option.

«Les deniers publics n'ont pas à servir les intérêts du PQ», selon le député Caire.

Même si la première ministre Marois s'est engagée à ne pas dépenser de fonds publics pour promouvoir l'option souverainiste de son parti, les députés demeurent méfiants et croient qu'elle peut fort bien changer d'idée à ce propos.

Pierre Moreau a soutenu que Mme Marois faisait partie des gens «qui veulent dépenser des deniers publics aux fins de faire la promotion de la séparation du Québec».

Quant à lui, le ministre Cloutier a soutenu que ses deux mandats étaient parfaitement compatibles. Il a réaffirmé que son gouvernement, étant minoritaire, n'avait pas l'intention de tenir un référendum sur la souveraineté.

«Cela ne veut pas dire qu'on va rester les deux bras croisés. Cela ne veut pas dire qu'on ne va rien faire», a dit le ministre Cloutier, invité à défendre le principe de la gouvernance souverainiste.

M. Cloutier a aussi indiqué qu'à ce jour aucun denier public du trésor québécois n'avait servi à promouvoir la souveraineté.

Concrètement, la gouvernance souverainiste a fait en sorte, notamment, d'amener le gouvernement Marois à se retirer d'un groupe de travail intergouvernemental en santé qui avait été mis sur pied par le Conseil de la fédération.

Dans une lettre datée du 11 janvier, signée conjointement par le ministre Cloutier et son collègue de la Santé, Réjean Hébert, et déposée durant l'étude des crédits, le gouvernement affirme qu'il se concentrera désormais sur «ses propres priorités» en santé.